Les 30 premières années (1982-2013)

Avertissement

Le texte suivant relate des évènements qui m’ont été difficiles à vivre même si ces derniers sembleront probablement anodins voire insignifiants à la plupart des gens. Il m’a fallu écrire ce texte en respectant mon état d’esprit du moment c’est-à-dire sans me censurer afin que l’objectif soit rempli : vider mon âme de tout ce ressentiment pour pouvoir avancer. Il y a néanmoins deux précisions cruciales qu’il convient de faire :

En cas de doute, ces deux points font autorité sur l’ensemble du texte.

De bons contre-poisons sont présents dans Couleur ou dans les ouvrages d’Arnaud Desjardins.

Préambule

Il s’agira de revenir sur les 30 premières années de ma vie dans lesquelles j’ignorais tout de l’existence d’une société secrète / nation / surhomme qui m’observait dans l’ombre et me manipulait comme une marionnette. Mon texte sera placé essentiellement en T1 (théorie 1) considérant que ces manipulations ont été orchestrées par des « humains » / institutions secrètes « humaines ».

Bien évidemment, le surhomme était partout, scrutant et manipulant chaque journée de mon existence. Je ne vais restituer que ce qui m’a fait le plus mal et ce dont j’ai pu prendre conscience.

Les situations passées blessantes que je vais décrire sembleront à beaucoup comme relevant de la broutille en comparaison d’autres formes d’adversité (maladie, deuil, prison, solitude, pauvreté extrême, esclavage…). Il faut néanmoins comprendre que ce que je vais décrire représente une forme d’oppression qui n’est pas très différente de celle que je subis depuis 10 ans. Or ces 10 dernières années de persécution me confèrent une forme d’autorité morale et spirituelle. Je suis donc le mieux placé pour identifier le mal là où personne ne le cherche vraiment.

Ce texte sert trois objectifs distincts :

De 0 à 14 ans

Dés la deuxième année de maternelle (soit vers 4 ans), j’ai souvenir que j’avais peur des autres garçons parce que je les trouvais violents. Je n’étais pas en mesure de me défendre et donc la fuite ou la soumission étaient mes seules portes de sortie. Ce n’était de la faute de personne : les circonstances, la génétique, un traumatisme dont je n’ai pas le souvenir ? Bref, c’est ainsi. J’ai su aussi très rapidement (fin de maternelle, CP, CE1 ?) que je ne pouvais pas reproduire avec les plus faibles, les « dominés » ce que j’endurais dans la cour de récréation : il me fallait agir de manière inverse en leur tendant une main, en les acceptant tel qu’ils étaient sans me moquer. Bref, avant l’âge de 7 ans, j’étais déjà à la fois soumis et gentil. Par gentil, j’entends très sensible à la notion de bien et de mal et donc à la morale. Autrement dit, j’étais certes soumis à la volonté de puissance des dominants mais je me sentais supérieur à eux moralement. Ainsi, très tôt, tout semblait déjà écrit.

En effet, à 33 ans (printemps 2016), il y a une goutte d’eau qui a fait déborder le vase et j’ai dû dégager la partie « soumission au surhomme » parce qu’elle n’était plus viable dans mon cas : « tu peux bien m’écraser comme un puceron si tu veux, je ne me soumettrai jamais à ce que tu es ». Le pattern est globalement le même que celui quand j’avais 4 ans : soumission sur le plan phénoménal (j’encaisse les coups sans les rendre) mais supériorité morale et spirituelle.

Je ne prétends pas être l’exception. Il est probable que nous soyons nombreux à nous retrouver dans ce schéma. Certains argueraient même que c’est le schéma typique du faible. Peu importe.

La leçon de piano

A l’âge de 6 ans, j’ai commencé des cours particuliers de piano. Ces derniers dureront 8 longues années, jusqu’à 14 ans. Il sera difficile de convaincre qui que ce soit que ces années de piano ont représenté une forme d’oppression subtile qui n’a rien à envier aux persécutions que j’endure depuis 10 ans et pourtant…

Le pattern de ma semaine était le suivant. Le mercredi matin, je me faisais engueuler par ma professeure de piano parce que soi-disant je n’avais pas assez travaillé seul de mon côté durant la semaine. Je pleurais à chaque fois et c’était très violent pour moi ce qui fait que je redoutais systématiquement le mercredi. Juste après la fin de la séance, je savais que j’étais tranquille pour une semaine. Le jeudi et le vendredi, je pouvais me permettre de ne pas trop travailler « mon piano » à la maison mais dès le samedi, la pression montait et si je ne travaillais pas suffisamment efficacement (30 min par jour minimum), je savais que j’en paierais les conséquences le mercredi suivant. Le lundi puis le mardi, la pression arrivait à son comble et la punition [la professeure qui me hurlait dessus] tombait le mercredi sans que je puisse me défendre, jamais. Durant 8 ans. Plusieurs fois dans l’année, il y avait des auditions. Je devais jouer une partition travaillée pendant des mois devant une cinquantaine de personnes avec un jury qui attribuait des notes. Et il était inconcevable de ne pas avoir la note maximum : « très bien ». La pression de ces auditions était énorme et sapait le plaisir de l’existence dans les semaines qui les précédaient car « on se sent toujours en retard », « cela n’est jamais assez bien » et il fallait donc redoubler de travail (1 heure par jour) avec le stress colossal qui montait au fur et à mesure que l’échéance approchait etc… Parallèlement au piano, il y avait l’apprentissage du solfège avec examen oral et écrit tous les trimestres avec toujours, la pression qui va avec. Une année, ils m’ont même fait redoubler. L’apprentissage de la musique générait 1000 fois plus de stress que l’école qui était, en comparaison, une partie de plaisir. A une époque, mes parents m’amenaient chez un psychologue juste avant les auditions pour faire de la sophrologie et diminuer le stress. Je n’ai jamais caché que je détestais ces enseignements de piano et de solfège. Le monde « adulte » n’a d‘ailleurs jamais prétendu ignorer que je détestais cela. Il ne le savait que trop bien et ne se gênait pas pour passer outre ma volonté. Le narratif imposé par ces adultes était beaucoup trop puissant pour que j’ai une chance de le combattre : « cette professeure est vraiment exceptionnelle », « si tu arrêtes le piano, tu le regretteras toute ta vie », « tu nous remercieras quand tu seras grand »… Quand il y avait une professeure remplaçante gentille (ce qui est arrivé une ou deux fois), je revivais pendant quelques semaines de ne plus me faire hurler dessus et je n’avais plus la pression de l’obligation de résultat durant la semaine. Le narratif des adultes devenait alors « elle est peut-être plus gentille mais elle est nulle parce que tu ne fous plus rien, vivement que la « bonne et vraie » professeure revienne ». A un moment donné -- et cela a duré plusieurs année -- on a même embauché une jeune voisine qui venait me donner une leçon pour préparer la vraie leçon avec la vraie professeure : il n’y avait plus aucune limite. A Noël, c’était le moment de la grande hypocrisie « les enfants vont bien nous jouer un morceau de piano » ce dont personne n’avait rien à foutre évidemment. Beaucoup d’adultes -- dont les parents de mes amis -- voyaient d’un mauvais œil la pression énorme que je subissais mais ils n’étaient pas en mesure de se faire entendre. Je ne l’ai su que bien plus tard.

Ma sœur également a subi ces leçons de piano durant toutes ces années mais avec une différence : elle avait réussi à instaurer une meilleure relation avec la professeure et ne se faisait pas hurler dessus comme moi. Ma sœur subissait l’obligation de travail quotidien et les auditions mais pas l’angoisse de ce faire « tuer » tous les mercredis comme moi. Ainsi il est très important de comprendre que ce n’était pas tant la professeure qui était responsable de la situation mais notre binôme qui ne fonctionnait pas. Quelque chose en moi « clochait » et elle ne le supportait pas : cela la renvoyait probablement à quelque chose en elle d’inconscient et elle perdait bêtement son sang-froid en me maltraitant. Mais quelle était cette chose en moi posant problème ? Et bien je pense que c’était un excès de sensibilité/sensiblerie de ma part [de la part d’un garçon qui plus est] menant à une soumission et une docilité extrême et totale. Cette soumission totale de ma part lui enjoignait inconsciemment d’appuyer sur la pédale de la méchanceté et de la bêtise car elle sentait et savait qu’il n’y aurait aucune résistance et cela lui faisait probablement du bien. Cela lui faisait du bien d’avoir le dessus sur un petit enfant « garçon » et de pouvoir le rouer de coup « psychique » en toute impunité, sans qu’il n’y ait de traces ni de plaintes des parents. Et cela a duré pendant 8 ans. Je pense que c’est sa représentation de « l’homme idéalisé » qu’elle ne retrouvait pas en moi qui posait problème.

En quoi un surhomme, une société secrète peut-il bien être impliqué dans tout cela ? Un surhomme est composé d’agents. Ces derniers sont probablement en charge secrètement entre autres de la sécurité et de l’intégrité physique et psychique des personnes ainsi que des biens. Des dizaines d’agents m’entouraient : aucun n’a été capable de tirer la sonnette d’alarme. Même le psychologue n’a jamais été capable de dire : « arrêtez immédiatement le piano : cet enfant déteste cela, sa professeure le maltraite et il ne supporte plus le stress des auditions : il ne résultera que du mal de tout cela ». Même pour ce psychologue, le narratif du pouvoir était trop puissant pour qu’il soit en mesure de s’opposer ou même de s’en rendre compte.

Dans mon esprit, voilà comment les choses se sont peut-être passées. Il y une école de musique que les pouvoirs publics financent à coup de millions d’euros. Une fois construite, il faut d’une manière ou d’une autre la remplir et la faire tourner. Des canaux discrets s’organisent probablement pour cela « et si tu inscrivais ton enfant à cette école de musique, histoire qu’on n’ait pas dépensé des millions pour rien ? ». Puis cette école s’impose des obligations de résultat car les parents doivent pouvoir repérer la progression de leur bambin. Examens très réguliers et auditions sont les éléments qui permettent de contrôler cette progression et d’évaluer également les professeurs. Ceux pour lesquels les résultats de leurs élèves sont trop « justes » sont probablement évincés d’une manière ou d’une autre : il en va de la réputation de l’école. Les professeurs savent qu’ils ne peuvent pas soutirer 500 euros aux parents chaque année pour que leur bambin se tourne les pouces. Quelle est alors la seule variable d’ajustement ? L’oppression discrète, invisible sur les enfants pour qu’ils travaillent quotidiennement et sérieusement. Et les moins résistants, les moins rebelles, les plus dociles et soumis dégusteront gravement. Tout cela pour la réputation du professeur, pour celle de l’école, celle de la nation afin de maintenir à un haut niveau « la culture dans notre beau pays » ou pour satisfaire les névroses des parents « qui eux n’ont pas eu cette formidable chance de pouvoir apprendre un instrument de musique durant leur enfance ». La probabilité que l’enfant soit soutenu et défendu par le monde « adulte » est faible à cause du narratif ci-dessus ou à cause de celui-là : « et maintenant, il faudrait en plus qu’on vienne pleurer sur le sort des enfants de la bourgeoisie qui naissent avec une cuillère en argent dans la bouche ? ». On voit à quel point il est facile pour le monde adulte dit « en responsabilité » de fermer les yeux ou de s’aveugler complétement sur la nature de la réalité.

Pourtant la plupart des adultes savent que l’apprentissage d’un instrument de musique est très exigeant et demande beaucoup d’efforts et de persévérance. Eux-mêmes sont rares à oser se lancer dans un tel apprentissage étant donné la difficulté. Si par hasard ils réussissent, il est évident que la bonne entente avec le professeur est une condition sine qua none : il n’est pas question d’utiliser l’outils « coup de bâton et maltraitance » avec les adultes. Ils savent également à quel point la prise de parole en public devant un jury (équivalent d’une audition) est stressante. Mais ils échouent à en déduire la seule chose possible : ce qui est valable pour les adultes l'est a fortiori pour les enfants. Cela l’est d’autant plus si l’enfant en question est fragile, docile ou soumis. On se retrouve donc avec un « monde adulte » capable de faire subir à des enfants ce qu’il ne supporterait pas pour lui-même mais aveuglé par son discours à base de « je leur donne cette chance, cette opportunité qu’on ne m’a pas donné à moi ».

A ce titre, j’estime que ces 8 années de piano ont représenté, pour moi, une première expérience dramatique d’oppression se mettant en place dans la sphère psychique, imaginaire et intellectuelle (et donc semblable à celle que je vis aujourd’hui). J’en arrive donc à la surimposition de mon propre narratif sur ces évènements en les qualifiant de formes subtiles d’oppression psychique. Si tout cela s’est produit dans mon cas il y a maintenant bientôt 30 ans, des histoires de ce type continuent de se produire en routine tous les jours. Partout dans le monde, des enfants sont victimes d’adultes qui ne sont pas capables de concevoir les notions de mesure, de respect du rythme et de la personnalité de l’enfant. L’oubli de l’amour au nom de la performance et de la compétition.

Mon narratif est le suivant :

Le fait, pour toute personne en position dominante [parents, professeurs, institution…], de forcer ou manipuler pendant trop longtemps des enfants à faire quelque chose qu’ils détestent et qui les font souffrir profondément, laissant des marques et cicatrices psychiques indélébiles, relève clairement d’une forme de maltraitance ou d’oppression psychologique. Ces comportements, parfois dictés par l’aveuglement, sont nuisibles et indignes de ce que l’on nomme habituellement « la culture » c’est-à-dire ce que l’on veut transmettre et léguer aux générations futures. Si la maltraitance physique (« enfants battus, enfant violés ») représente une abomination sans nom à l’égard des enfants, cette dernière ne doit pas être instrumentalisée (par exemple par une sur-représentation médiatique) de manière à nier, oublier ou minimiser des formes de maltraitance psychologique plus subtiles qui peuvent s’avérer tout autant destructrices. Les activités scolaires et périscolaires sont à très haut risque d’une part et à très haut risque de passer inaperçu d’autre part. Les enfants (et a fortiori les êtres humains) ne sont pas des poupées de cire qu’on modèle à sa convenance. Puisqu'un surhomme n’est pas capable de dire ces choses-là étant donné ce qu’il est et ce qu’il fait, il faut qu’un autre le dise à sa place et cet autre c’est moi.

Notez qu’il ne s’agit en rien d’un article de loi mais d’une ligne, d’un NORD pour les générations futures conformément à mon devoir d’orienter et de protéger les plus vulnérables.

Ce serait profondément me mécomprendre que de penser qu’il s’agit d’une attaque contre mes parents. J’ai eu la chance d’avoir des parents aimants qui ont voulu le meilleur pour ma sœur et pour moi-même : ils ont vécu à une époque où les choses se passaient ainsi et ils ont fait ce qu’ils ont pu. Ils m’aiment et je les aime en retour sans considération pour les erreurs du passé inhérentes au fait d’élever un enfant. Je suis néanmoins contraint de décrire tout cela en détail non par pour blâmer qui que ce soit mais pour venir éclairer fortement une zone que le surhomme semble préférer maintenir dans l’obscurité.

Tout surhomme (et donc les agents qui le composent) cherche à maintenir le contrôle des narratifs en niant ou minimisant ces réalités de manière à pouvoir les gérer dans l’ombre ou ne pas les gérer du tout. En effet, un surhomme utilise largement l’oppression psychique pour asseoir sa domination c’est pourquoi, il ne veut pas que cette sphère devienne publique et soit placée dans la lumière car il craint de perdre ses prérogatives : ces outils qui blessent psychiquement de manière invisible lui semblent trop utiles : il ne saurait s’en passer.

D’autres part, nombreux sont ceux en politique qui pensent secrètement que l’éducation doit contenir des composantes oppressives pour « dresser », « contrôler », « affermir », « fabriquer des hommes virils et pas des chochottes », « pour élever la culture a son plus haut niveau » etc… Ils veulent maintenir secrètement une instruction dure quitte à blesser ou meurtrir à vie les plus fragiles. Or nos sociétés sont mangées par l’anxiété, l’angoisse, le stress, les névroses, les dépressions de tous ceux qui se sont -- sans s’en rendre compte -- retrouvés « hachés » dans ces systèmes oppressifs qui refusent de dire leur nom. Personne n’ose élever la voix pour défendre et rendre justice à ceux qui sont perçu comme des faibles. Moi si. Taire ces réalités c’est les maintenir intacte pour les générations futures et cela est hors de question.

Les surhommes fonctionnent en temps réel et ne sont pas du tout adepte de la justice (dire et écrire ce qui s’est passé réellement par le passé). Ils utilisent tous les moyens imaginables pour persuader les victimes de tourner la page, d’aller de l’avant, que tout cela n’est pas si grave au regard d’autres atrocités (guerre, famine, handicap, maladie etc…). Nier si c’est possible. Sinon faire oublier. Sinon minimiser ou décrédibiliser. Voilà comment fonctionne un surhomme qui cherchera toujours à se couvrir et se protéger. Car il s’agit du pouvoir et par définition, le pouvoir déteste se sentir affaibli ou critiqué. Le négationnisme (nier la réalité) est sa tactique préférée.

La leçon de vélo

Quand j’étais en CM2, deux policiers sont venus en classe pour nous donner une leçon sur la sécurité routière. Le matin, il y avait une partie théorique : ils ont commencé par nous raconter un certain nombre de choses et il y a eu un examen écrit. Puis l’après-midi, il y a eu une partie pratique : ils avaient installé des plots sur un terrain stabilisé et nous devions faire du vélo entre ces plots. C’était rigolo : nous étions une trentaine à rouler à bicyclette et cela nous faisait passer l’après-midi. En fin de journée, les policiers ont donné les résultats de l’évaluation théorique et pratique : on découvrait qu’on avait été évalué durant l’après-midi aussi. Ils commençaient par donner la note théorique, puis la note pratique de l’élève. Ils ont commencé par tous ceux qui avaient réussi c’est-à-dire tout le monde sauf moi. Arrivé à la fin, ils ont commencé par donner ma note théorique (18/20) et j’étais donc « sûr » d’avoir réussi comme l’ensemble de tous mes petits camarades mais quand arriva la note pratique, j’avais 1/20 car selon leurs dires, ils avaient relevé de nombreuses fautes de ma part durant l’après-midi. Je n’obtenais donc pas la moyenne et je ne pouvais donc pas obtenir la fameuse « carte / certificat » qu’ils délivraient à tous sauf à moi. J’ai évidemment eu sacrément honte devant mes deux meilleurs amis ainsi que devant la fille dont j’étais amoureux secrètement. En rentrant chez moi, j’avais tellement honte que j’aie caché le papier stipulant mon échec sous la nappe de la table à manger. Ce n’était pas une très bonne cachette et il semble donc qu’il fallait que cette histoire ressorte.

30 ans plus tard -- j’ai la chance d’avoir une excellente mémoire -- j’ai réfléchi à ces deux flics qui avaient passé l’après-midi à discuter avec notre instituteur et certainement pas à regarder en détail les fautes des 30 gamins qui s’amusaient comme des fous à circuler à vélo entre les petits plots. Mon échec était monté de toute pièce et ne correspondait à aucune réalité. L’instituteur ne pouvait pas ne pas le savoir et il était donc forcément dans le coup : pour pouvoir évaluer correctement la pratique à bicyclette des élèves, il faut au minimum les faire circuler un par un ce qui n’avait jamais été le cas. Sans doute pour donner plus de crédibilité à leur « carte », deux flics et un instituteur ont choisi une tête de turc pour incarner « le mauvais cycliste ». Apparemment ce jour-là, ils n’ont pas choisi le bon cheval.

J’ajouterai que notre instituteur était particulièrement « subtil » : à chaque fin de trimestre, il donnait le classement de la classe à l’oral en prenant son temps (cela durait une bonne demi-heure), en commençant par le premier et en finissant par le dernier tout en ajoutant le petit commentaire « gentil » qui va bien. Le pouvoir rend bête et méchant. Les pratiques de cet instituteur à cette époque (et probablement de bien d’autres) étaient admises et personne parmi les parents d’élèves ne semblait n’y trouver rien à redire. Soit c’était une génération de con soit le surhomme leur a tous mis une muselière et aucun n’était capable de dire tout haut : « votre classement brise nos enfants bien plus qu’il ne les élève et il représente à lui seul la négation même du fait que vous puissiez être un éducateur dans le sens noble du terme ». Le dernier de la classe était systématiquement mon meilleur ami. Il avait perdu son père à l’âge de 6 ans. Une considération qui ne semblait pas particulièrement émouvoir notre instituteur : pensez-vous vraiment que ces gens-là soient capables d’enseigner quoi que ce soit d’important à qui que ce soit ?

A cette époque, la télévision nous abreuvait de séries policières comme « Julie Lescaut » par exemple : la jolie commissaire de Police et mère de famille qui œuvre pour arrêter les méchants, diriger son service et s’occuper de ses deux filles. Cette propagande servant évidemment à soigner l’image de marque de la police : institution forcément pleine de bon sens ! Tout cela est très joli mais alors pourquoi deux fonctionnaires du ministère de l’intérieur et un fonctionnaire du ministère de l’éducation nationale racontent n’importe quoi à un gamin de 10 ans ? La faute est suffisamment grave pour que je la prenne très au sérieux en considérant que c’est l’arbre qui cache la forêt. Car s’ils peuvent faire cela gratuitement à un enfant qui ne leur a rien fait, de quoi d’autre sont-ils capables ? Je me doute que la plupart des lecteurs jugeront que je m’offusque de bien peu de choses. Ils appartiennent au monde de ceux qui ferment les yeux (pour les choses futiles comme pour les choses graves). Pas moi. Chacun sa responsabilité. Je ne crois pas du tout avoir eu affaire à des individus qui sont sorti exceptionnellement du cadre déontologique de leur profession. Il y avait un surhomme derrière, qui savait et assumait parfaitement ce genre de pratique.

Voici donc mon narratif :

Si deux policiers peuvent blesser stupidement et impunément un garçon de 10 ans innocent « pour rien » et ce, en pleine lumière c’est-à-dire sans se cacher de l’instituteur, alors ces institutions sont certainement vérolées dans leur fondement. C’est pourquoi cela fait longtemps que je considère disposer d’une autorité spirituelle et morale totale sur la police nationale, la gendarmerie nationale et l’éducation nationale. Toutes ces institutions sont placées de fait sous mon autorité. Beaucoup y verront un délire « Napoléonien ». Peu sont capables de reconnaitre que ce qui est inacceptable est inacceptable et qu’on ne peut donc pas transiger avec ces choses-là même si elles ont l’air anodine ou secondaire en apparence. S’il y a stupidité, méchanceté, institution vérolée, il faut pouvoir le voir d’une part et le dire d’autre part. Le pouvoir en place n’aime pas particulièrement qu’un homme s’arroge une telle autorité mais il se sent protégé par son narratif à coup de « c’est une personne paranoïaque dont la tête ne fonctionne plus très bien ». De mon côté, il m’est plaisant de pouvoir dire enfin et en face à ces corps d’Etat :

SI VOUS VOUS EN PRENEZ BETEMENT ET STUPIDEMENT A DES ENFANTS « POUR RIEN » ALORS VOUS N’ETES RIEN.

Et cela fait du bien, il faut le reconnaitre. Je ne laisse plus de vieilles échardes du passé me pourrir l’existence : je dis les choses. Et je m’étonne juste que les autres n’en soient pas capables.

Je n’aime pas m’en prendre aux individus ni verbalement ni physiquement. Je ne me suis vraiment battu qu’une seule fois dans ma vie. La peur pour moi-même y est sans doute pour quelque chose mais c’est également la peur de blesser l’autre : je n’ai pas envie de sentir mon poing s’écraser sur le visage de l’autre et le meurtrir en lui cassant ceci ou cela. C’est vraiment répugnant pour moi. Je n’ai pas envie de croiser les yeux de ma victime et d’y voir la douleur ou la peur. Et j’ai honte pour ceux qui ne sont pas comme moi et je sais qu’ils sont nombreux.

En revanche, il est vrai qu’il est toujours agréable pour moi de prendre une institution de haut, de lui donner une leçon, de lui mettre le nez devant son vice, devant sa merde en l’empêchant de détourner le regard. Pas forcément pour l’affaiblir mais au contraire pour l’élever même si je reconnais volontiers avoir une forte défiance envers toutes les institutions pour des raisons structurelles. Cela doit venir de mon côté « Anar ». Il est marrant de constater que les institutions ont le travers inverse : elles aiment s’en prendre aux individus : c’est tellement facile, n’est-ce pas ? Ils sont si fragiles : neuf fois sur dix, ils ne se plaindront même pas !

Je ne voudrais pas laisser entendre que cette histoire m’a blessé. J’ai eu un peu honte le temps d’une soirée et le lendemain s’était oublié. Rien en comparaison des 8 ans d’oppression de « la leçon de piano ». Rentrons dans les détails : admettons que je sois un tyran et que je décide de vous humilier, pour un motif futile, devant vos enfants. Cela vous blessera peut-être pendant quelques jours mais la vie reprendra son cours même si vous n’oublierez pas ce qui s’est passé et n’accorderez plus aucun crédit à ce que je suis (un tyran) ni à mon autorité. Maintenant, admettons que je vous force à faire deux heures de piano par jour (l’équivalent pour un adulte des 30 minutes demandées à un enfant). Vous rentrez du boulot fatigué et vous devez vous coltinez 2 heures de piano « efficace » c’est-à-dire menant à une progression réelle sous peine que je vous prive de chaleur humaine : si vous ne jouez pas le jeu, je vous enlève tout ce qui compte pour vous : vos enfants, votre femme, vos amis, je vous prive de sexe, d’argent, de reconnaissance et de tout ce qui constitue vos désirs à vous. Il ne vous faudra pas longtemps pour que vous compreniez ce que représente l’oppression psychique mise en place via un simple enseignement de piano. Et si je vous force à tenir ce rythme pendant 8 ans, il est peu probable que vous vous amusiez à rire ou à sourire de mes allégations concernant ces formes d’oppression psychiques : vous courberez l’échine en me suppliant d’arrêter ce calvaire. A l’âge de 40 ans et depuis toujours, je n’ai jamais pu me tenir droit normalement. J’ai toujours eu la tête et le corps qui penchent vers l’avant. Bref, ma démarche dans la rue est celle d’un homme courbé illustrant parfaitement le niveau de soumission auquel j’ai été contraint toute ma vie.

De la haine

En CP, j’ai eu un camarade de classe avec qui je me suis à peu près entendu pendant 2 ou 3 ans. Et puis nos chemins ont commencé à diverger. Nous avions un point commun : nous étions tous les deux « petits de taille » ce qui n’est pas particulièrement facile à l’école. Pour s’en sortir quand même, nous avons choisi des stratégies de survie différentes : moi la soumission lui la fourberie. En effet je ne supportais plus sa manière d’être avec les autres : « je prends ce qui m’intéresse chez toi. Si tu es plus fort alors je me soumets mais j’exploiterai la moindre faiblesse que tu laisseras transparaître pour prendre le dessus sur toi. Si à un moment, tu ne m’es plus utile, je te dégagerai de ma vue lentement mais surement en montant, par exemple, tous les autres contre toi ». Voilà en gros ce que je lui reprochais : d’être à la fois un lâche et un fourbe. Lâche je pouvais éventuellement le comprendre car je ne valais guère mieux. Mais fourbe : là était la différence. Comme je l’ai dit, dés la maternelle, j’étais orienté : faisant clairement la différence entre le bien et le mal et me situant clairement du côté du bien. Or je plaçais clairement « la fourberie » de mon petit camarade dans la partie « mal » bien que je n’aie pas souvenir exactement des saloperies qu’il m’ait fait durant l’école primaire. Arrivé en sixième, je ne craignais qu’une chose : qu’il soit dans ma classe et cela n’a pas loupé. Comme nous étions les deux seuls venant de la même école primaire et qu’il se retrouvait donc seul, il a fait copain-copain un peu avec moi pour que l’on soit à coté en classe. J’acceptais bêtement. Il faut dire qu’il était vraiment LE spécialiste du « copain-copain quand je suis dans la merde » et du « tu dégages quand j’ai plus besoin de toi » : c’était sa marque de fabrique, la construction intégrale de sa personnalité reposait sur cette technique et j’en ai à chaque fois été ulcéré même si je suis tombé dans le panneau des dizaines de fois.

Pour alléger nos cartables, les professeurs nous forçaient à nous organiser avec notre voisin pour qu’on amène les livres qu’une fois sur deux. Un jour, j’ai oublié le fameux livre alors que c’était mon tour. Cela nous foutait clairement dans la merde vis-à-vis du professeur. Il m’a littéralement chié dessus pendant toute l’heure de classe, profitant de mon erreur pour capitaliser au maximum dessus et donc me rabaisser. Quelques temps plus tard, c’est lui qui avait oublié les fameux livres. A cette époque, nous étions encore à peu prés à égalité sur le plan physique et intellectuel : je restais potentiellement dangereux : il craignait à juste titre que je profite de l’occasion pour l’écraser, à mon tour, de reproches afin de bien lui faire sentir comment c’est agréable et facile de blâmer l’autre à la moindre erreur. Bref, j’avais la possibilité de jouer cette carte : rien ne m’en empêchait. Mais je choisissais une autre voie : je ne lui faisais aucun reproche, je ne rappelais même pas l’incident inverse qui s’était passé dans les semaines précédentes. Je refusais de saisir l’avantage qui m’était offert pour l’écraser. Mon seul but -- et cela est très clair dans mon esprit -- était de tenter d’inculquer quelques bases de morale à ce fourbe. Je me rappelle que durant cette année de sixième, l’exact même pattern s’est reproduit encore à deux reprises : j’avais merdé clairement sur un truc et il en profitait pour me blâmer, puis c’est lui qui commettait la même erreur, et je ne lui faisais aucun reproche : au contraire, je montrais simplement le contentement de celui qui est heureux de dépanner, de rendre service. A trois reprises, j’ai tenté de transmettre quelque chose à cet abruti pour le remettre sur le droit chemin. C’est plus tard que j’ai compris que je signais par-là mon arrêt de mort. Mon attitude bien loin de l’aider, augmentait « l’allergie » qu’il pouvait ressentir envers moi. Car ce qu’il détestait en moi, c’était justement mon câblage différent et ce câblage c’était « il existe une morale et l’homme ne doit pas systématiquement prendre son avantage sur autrui sous prétexte que c’est possible et facile ». Or lui s’était câblé selon une logique différente : « il n’y a aucune morale : il y a des faibles et de forts, des baiseurs et des baisés et je n’ai aucune envie d’appartenir au monde des faibles et des baisés ». C’était une lutte à mort ancestrale entre deux partis-pris qui ne veulent jamais lâcher-prise. Notons également que les trois fois où je lui avais donné « une leçon de morale » en pensant bien faire et donc en ne me comportant pas symétriquement à son comportement méchant, je lui disais subliminalement (ou plutôt il entendait) autre chose : « nous sommes peut-être à peu prés à égalité sur le plan physique et intellectuel ou dans la faculté de nous faire des amis mais je t’informe qu’il y a également une hiérarchie morale. Et dans cette hiérarchie morale, mon pote, je suis désolé de te le dire, mais je suis bien au-dessus de toi ». Quand on est un fourbe comme il l’était, avoir quelqu’un -- qui plus est quelqu’un qu’on perçoit comme un faible -- qui a l’outrecuidance de vous envoyer ces réalités à la gueule subliminalement, c’est absolument insoutenable : je m’en prenais sans le savoir à son stable : les bases même de toute sa construction psychique, de sa stratégie de survie en société. Il était déjà allé beaucoup trop loin beaucoup trop longtemps dans cette direction de la fourberie et de l’absence de morale pour qu’un retour en arrière soit envisageable. La seule solution qui lui restait c’était le mépris ou la haine. Et la haine était également la seule solution qui me restait. Nous nous fréquentions encore vaguement, nous mettions tout cela sous le tapis quand cela s’avérait nécessaire mais c’était bien la haine mutuelle qui siégeait au fin fond de nos deux âmes : deux systèmes de pensée et de construction psychique absolument incompatibles.

En cinquième, nous avions réussi à nous faire un tissu de potes indépendant. La haine nous avait naturellement séparé et c’était très bien ainsi. J’avais rejoint un groupe d’enfants orientés comme moi et lui un groupe d’enfants orientés comme lui. Mais arrivé en quatrième, le monde « adulte » et sa sagacité légendaire a décrété que les garçons comme lui et moi devions faire allemand-latin. Bien-sûr, on s’est bien gardé de m’expliquer quel serait le prix à payer : perdre tous mes potes durement acquis en 6ème-5ème. Je me retrouvais donc en 4ème sans mes copains (cela a la limite, je pouvais m’en débrouiller) mais également remis en classe avec la seule personne dans ma vie que je n’ai jamais haï du plus profond de mes tripes. Le même pattern recommençait : il était tout seul dans la merde alors il proposait de faire copain-copain et comme un con, je cédais. Nous avons reforgé un groupe de 7-8 personnes, garçons et filles cette fois. Tous sont devenus pubères à cette période alors que je ne suis devenu pubère qu’à l’âge de 16 ans : cela engendrait une différence d’intérêt (les « adultes » parleraient de « maturité ») qui me plaçait petit en petit en mauvaise posture dans le groupe : je ne voulais pas fumer, je n’étais pas intéressé pour jouer à touche-pipi avec les filles etc… Les garçons ont alors commencé à me surnommer « le bestiau » et j’étais tout juste tolérer dans le groupe.

Un jour, une jeune fille de 6ème est décédée dans un incendie. Elle était un peu boulotte et quand nous l’avons appris, mon ennemi juré aura ce commentaire subtil : « Ah, berk, la graisse de cette grosse vache a dû couler…». Ce n’était pas de l’humour noir ou un besoin de dédramatiser une situation stressante -- la mort -- par l’humour : c’est vraiment un câblage qui est différent : quand on n’a aucune morale, on n’a aucune morale et c’est ainsi.

En fin de quatrième, il s’est retrouvé dans une position avantageuse : il achevait sa puberté et jouissait de 30 cm de plus que moi. Et puisque tout avantage doit être exploité, un jour, il s’est décidé : sans aucune raison, à la sortie du collège, il m’a plaqué sur le capot d’une voiture. C’était totalement inacceptable pour moi. Alors j’ai fait semblant de tenter de le frapper pour me libérer, lui donnant par là le prétexte ultime pour qu’il me frappe. Et cet abruti l’a fait, de toute ses forces en plein visage : j’aurais un œil au beurre noir pendant plusieurs semaines. Je me suis relevé et -- merci mon Dieu -- j’ai eu l’opportunité de pouvoir à mon tour lui mettre également un vrai coup de poing, de toutes mes forces, dans sa gueule de fourbe. Le soir, il s’amusera à téléphoner anonymement chez moi.

Ce qui aurait dû être fait des années plus tôt avait enfin été réalisé et la rupture sacrée arriva enfin. Nous ne nous sommes plus adressés la parole. Tout était clair : nous appartenions à deux systèmes idéologiques différents qui n’ont rien en commun. Lui partait avec son avantage dans le plan phénoménal (pubère, grand, « dans le coup ») et moi avec mon avantage dans le plan spirituel : la supériorité morale : je ne l’ai frappé qu’après la double agression physique caractérisée : placage sur le capot de la voiture puis coup de poing très violent au visage. Merci mon Dieu d’avoir fait que j’ai été cet homme-là et non pas l’autre salopard.

En seconde, rebelote, le monde « adulte » nous remettra une énième fois dans la même classe. Mais cette fois le divorce est consommé et nous n’interagirons plus du tout ensemble. Quelques années plus tard (je devais avoir 19 ans) et alors que je rentrais d’une retraite en solitaire dans une cabane en montagne, il m’a pris en stop. Il est déjà passé devant moi une première fois sans me prendre, puis il a réfléchi, fait une grande boucle pour pouvoir repasser devant moi et il m’a remonté. Nous avons échangé quelques banalités, sans plus. J’ai trouvé son geste intelligent, notable sans que cela soit suffisant pour modifier mon point de vue sur cet homme ou penser qu’il ait pu changer. La veille, j’avais rêvé dans la cabane où je dormais, qu’il me prenne en stop. C’était donc un rêve prémonitoire.

C’est la seule personne que j’ai haï durant ma vie. L’intensité de la haine était telle que personne d’autre ne lui est jamais arrivé à la cheville en termes de mépris ou de haine. Cela a été une très grande leçon pour moi. Pourtant des abrutis qui m’ont blessé gravement de mille et une manière, il y en a eu des centaines par la suite. Des trahisons horribles aussi. Mais cet homme a représenté pour moi, une sorte de vaccin contre la haine. Je note que Jünger décrit des choses similaires dans ces mémoires de guerre. C’est la citation 322 de couleur :

« Bizarre qu’au sein de ce pitoyable spectacle, je n’ai éprouvé nulle haine, bien que les individus de cette espèce m’aient empoisonné la vie douze année durant. »

Bizarrement, aucun des agents du surhomme ne réussira à déclencher une haine similaire en moi, même pas au centième. Ni le psychiatre qui a maintenu une emprise horrible sur moi quand j’ai été interné et m’a empoisonné avec cette saloperie de camisole chimique, ni l’abruti de « dealer de shit » qui m’a trahi et à l’origine de l’internement et de l’annulation de mon mariage. Personne. Mais pourquoi ? Je pense que l’âge et l’expérience me permet de voir qui ils sont vraiment. Quand j’enlève une par une les feuilles d’artichaud des couches factices de personnalité qu’ils présentent au monde, je tombe invariablement sur un petit enfant qui pleure et qui a peur (et qui à ce titre, n’est pas bien différent de moi). Je ne suis pas dupe de leur cinéma. Tout comme celui que j’ai haï, ils peuvent disposer d’un certain pouvoir de nuisance sur moi sur le plan phénoménal mais il existe d’autres plans au regard desquels, ils ne sont que ces petits enfants apeurés. Voyant tout cela trop clairement, l’usage de la violence n’a aucun sens pour moi.

Il est à noter que je ne crois pas qu’il existe une morale sur le plan spirituel. Ainsi ultimement, je ne crois pas que ceux qui m’ont fait du mal aient eu le choix de se conduire autrement que comme ils l’ont fait. En revanche, dans le plan phénoménal c’est-à-dire dans un plan relatif, je crois en la nécessité d’une morale.

Mais est-ce que je crois en la nécessité d’une hiérarchie morale éventuellement secrète ? J’ai pu lire ou ressentir entre les lignes, ce type de question chez Ernst Jünger. Deux types de système sont possibles :

Et parfois, j’ai le sentiment que toutes les tensions politiques (les guerres, les conflits…) émergent des divergences d’opinion entre ces deux types de société / système possible.

Ces questions sont indemerdables et je n’ai pas le temps de livrer un point de vue sérieux et réfléchi sur la question. Je préciserais néanmoins que la dualité victime/bourreau ou persécuté/persécuteur confère, au moment où ont lieu ces persécutions, une autorité morale à la victime ce qui génère de fait un système bleu : il y a donc une hiérarchie morale : la victime est supérieure à son bourreau. Ou plus exactement c’est le bourreau qui vient se placer en dessous d’une règle hiérarchique. Ce n’est pas la victime qui revendique sa supériorité, c’est le bourreau, par ses actes, qui revendique son infériorité. Mais pour être un homme de bien, il faut souhaiter l’égalité entre les hommes. Ainsi, tout système « bleu » qui me serait imposé me transformerait immédiatement en « noir ». Pour le dire autrement, je suis effectivement en situation d’autorité morale vis-à-vis de mes persécuteurs (système bleu) mais tous mes efforts visent à leur tendre la main pour qu’ils la saisissent afin qu’ils soient tous à ma hauteur (système noir). C’est eux, qui par leurs actions néfastes et violentes, me peignent de fait en bleu. Moi, je n’ai qu’une envie c’est de tous les peindre en noir.

Toutes ces considérations m’amènent à une théorie concernant les persécutions que j’endure et la nature du surhomme. Cette théorie est minoritaire par rapport à d’autres théories que je juge plus probables mais je vais la mentionner néanmoins.

Il existe un point commun entre ma professeure de piano et l’homme que j’ai haï. Tous deux ne donnent pas des coups (psychiques ou physiques) à n’importe qui : ils rouent de coup quelqu’un, quelque chose qu’ils leur est insupportable. Ils ressentent quelque chose en moi qui les irritent fortement, les rends quelque peu « allergiques » à moi. Ce qui leur est insupportable c’est que je ne peux pas ni ne sais vraiment me défendre. Ils détectent inconsciemment cette faille et cela devient plus fort qu’eux : ils font usage de la violence pour asseoir leur domination. Avec la plupart des autres, ils se comportent normalement mais avec moi, c’est comme si je les transformais en « monstre » : c’est plus fort qu’eux : quand un « chougneur, un faible » se présente devant eux, ils n’ont d’autres choix que de le rouer de coups. Leur inconscient leur dicte de me mépriser ou de me détester parce que j’ai ce pouvoir involontaire de faire d’eux ce qu’ils sont : des monstres. Ma théorie c’est que les choses se seraient produites exactement de la même manière pour le surhomme : il serait devenu allergique à ce que je suis d’où le fait qu’il se déchaine contre moi depuis 10 ans. Une hypothèse serait que le système choisi par le surhomme serait le même système que celui du seul homme que j’ai haï : « il n’y a pas de morale, l’individu prend systématiquement son avantage sans considération pour autrui ». D’où la demande de soumission de tous, à ce léviathan « vous ne valez pas plus les uns que les autres et je m’en vais vous le démontrer pour que tous, vous vous soumettiez à ma puissance afin que je puisse élaborer un système un peu plus sécuritaire ». Le fait que je ne sois pas capable de me défendre (1) et le fait que je fasse part de mes considérations morales à tout bout de champs (2) irriterait, démangerait, dérangerait et finirait par déclencher l’agression. Malheureusement (ou heureusement), plus les gens tapent sur la tête de quelqu’un, plus ce dernier gagne en autorité (autorité spirituelle non souhaitée par le surhomme mais contre laquelle il ne peut rien). On peut l’imaginer sous la forme de la loi Newtonienne de l’action-réaction. Il ne s’agit pas ici de la version « œil pour œil, dent pour dent » du monde phénoménal (que les surhommes sont susceptibles d’affectionner). Non : je parle d’actions et de réactions qui se situent dans des plans qui ne sont pas forcément les mêmes.

Le dealer dans l’ombre

A 16 ans, j’ai rejoint le groupe compétition d’un club d’escalade. Dans ce club, j’y ai rencontré un autre gars. Ainsi c’est par l’intermédiaire d’une passion plutôt saine, l’escalade, que j’ai rencontré cet homme plutôt malsain. Pas de bol. Au début, nous étions sur un plan d’égalité mais je notais assez rapidement qu’il avait un petit problème « moral » : il n’arrêtait pas de parler « mal » d’une copine que nous avions en commun et qui refusait de coucher avec lui : il la surnommait « la dinde ». Rapidement, nous avons commencé à fumer du shit et à boire de l’alcool ensemble. L’escalade a été relativement rapidement remplacé par des soirées dans lesquelles on se défonçait la tête. Puis j’ai commencé à trinquer sévère après le double échec en première année de médecine. Lui entre temps était devenu « dealer ». A cette époque, je notais déjà qu’il ne me traitait plus sur un plan d’égalité : il se la jouait « gangster » et cela m’attristait.

Puis j’ai commencé à travailler comme livreur à Pizza Hut. Un soir, avec le dealer et un troisième luron, on a imaginé monté un braquage de ce Pizza Hut. C’était bien plus une soirée de beuverie qu’une soirée de planification d’un braquage mais on n’avait quand même bien réfléchi à notre truc. On devait gazer le directeur (une petite saloperie soi-dit en passant) avec une bombe lacrymogène et il devait recevoir un coup de poing dans la gueule avant qu’on s’empare de la caisse. L’intérêt du braquage pour moi ne résidait pas dans les 5000 euros du butin potentiel mais dans la petite leçon à donner au directeur étant donné la manière dont il traitait un gars plus fragile (on parlait de « COTOREP » à l’époque). Mais il n’y a évidemment pas eu de suite et ce n’était qu’une soirée de beuverie sans importance entre « ados » de 20 ans. A cette époque également, nous avions regardé un film « fight club » et un soir, le dealer m’avait demandé de le frapper de toutes mes forces. Nous étions sous l’influence du film et je faisais semblant de me prêter à l’exercice : je lui ai déjà mis un ridicule petit coup de poing et il m’a dit « vas-y bordel », alors je lui ai mis un tout petit coup de poing guère plus fort que le premier et il n’en a pas demandé plus !

Puis nous sommes allés, avec mon pote « dealer » et quelques copains à lui, dans une « rav party » qui avait lieu dans un tunnel désaffecté du Vercors. Un gigantesque black de plus de 2 m, apparemment complétement défoncé à je-ne-sais-quelle-merde m’éclatera très violemment la gueule sans raison apparente devant tout le monde dans le tunnel où nous étions des milliers. Mon pote ne bougera pas le petit doigt ni ses potes d’ailleurs. Je passerais le reste de la nuit terrorisé, caché dans la foule à l’avant. Vers 7 heure du matin, je me suis décidé à sortir. J’ai attrapé une pierre pour armer mon poing et j’ai enfin pu voir -- non métaphoriquement -- le bout du tunnel. Les « copains » m’attendaient à la voiture. L’un d’eux n’était pas très fier et a confessé ne pas avoir oser s’interposer. Mon pote « dealer » lui, a simplement rigolé comme si tout cela était anodin.

Après 10 ans de persécutions par un surhomme, je sais qu’il n’y a pas de hasard. Tout faisait l’objet d’une orchestration dans l’ombre dont j’étais la cible. Le surhomme s’inquiétait peut-être du fait que j’avais des armes dans ma sacoche de livreur de pizza (poing américain et bombe lacrymogène). En effet, j’avais peur et faisais parfois l’objet de tentative d’intimidation pour me braquer les pizzas quand je livrais dans « les quartiers de merde », la nuit. Les deux potes qui avaient vaguement planifié le braquage avec moi, étaient des agents mais je l’ignorais : ils étaient sans doute chargés d’évaluer mes intentions et de tester mon influençabilité avec cette idée de braquage (ou un truc du genre). Puisque nous avions planifié un bon coup de poing dans la gueule du directeur (sans poing américain évidemment et ce n’était pas mon idée, je voulais qu’on s’en tienne à la bombe lacrymo), c’est probablement la sanction à mon encontre que le surhomme a décidé dans l’ombre. Pour ne pas se sentir trop coupable, mon pote a prétexté l’influence de « fight club » pour me demander de le frapper ce que je n’ai pas réellement fait comme on l’a vu. Puis cet abruti de surhomme m’a défoncé la gueule dans le tunnel. Cet épisode, à lui-seul, est un très fort démenti que ce viol qu’on me fait endurer depuis 10 ans puisse avoir le moindre lien avec la notion de pouvoir. En effet, on détecte un surhomme qui fonctionne apparemment sur la logique « œil pour œil, dent pour dent » ce qui n’a d’ailleurs aucun sens étant donné que je n’ai évidemment blessé personne dans cette histoire. Mais ce qui me rend ce surhomme vraiment pitoyable, ridicule et méprisable c’est le fait qu’il s’en soit pris à un jeune homme inoffensif à la personnalité très féminine : détestation de la violence physique et mangé depuis toujours par la peur. Il ne pouvait pas être plus à coté de la plaque me concernant. C’est donc également une des raisons pour laquelle je dispose de l’autorité morale totale sur ce surhomme : parce qu’il est vraiment con !

Mais il est probable qu’il aime à penser et à se rassurer que c’est le contraire qui est vrai et il fera tout pour démontrer à quel point je suis facilement influençable. En effet, quelque temps plus tard, mon pote « dealer » me faisait part du fait qu’il avait réussi, avec ses potes, à faire exploser des bombes à l’aide de cocotte-minute et d’un mélange carburant/comburant. Il me disait qu’il avait trouvé la recette sur internet. Je ne sais plus s’il m’a montré le site web en question ou si je l’ai retrouvé par moi-même mais si je devais parier, je dirais qu’il me l’a montré. Je me rappelle que c’était encore le début du web : nous étions peut-être en 2003. Le site web en question était pensé avec des polices de caractère très cools et plein de couleurs, genre « c’est cool et acceptable de fabriquer des bombes ». C’était un pot de miel évidemment. Mais cela m’emmerdait que mon pote et les siens -- dont je voyais bien qu’ils n’étaient « pas suffisamment orientés » -- apprennent une technologie que moi-même, je ne maitrisais pas. Il est bon de faire à 20 ans les erreurs qu’on ne fera plus à 40 ans : j’entends par-là la course à l’armement. Je me lançais donc en solitaire dans l’apprentissage de la fabrication de plastique explosif. Mon pastique était à base de peroxyde d’acétone et de laque de nitrocellulose. Je voulais le tester avec un copain qui lui était « orienté » (capable selon moi de faire la distinction entre le bien et le mal). Mais mon pain était trop gros et je voulais faire un premier test sur un morceau plus petit. Je savais que mon plastique était extrêmement sensible aux chocs mécaniques et aux ignitions mais ce jour-là, j’avais bu et je n’avais pas envie de m’emmerder. Je suis donc allé chercher une pioche, j’ai enfilé un casque de moto, j’ai dit à mon pote de se mettre à 20 m et j’ai mis un coup de pioche sur mon pain pour tenter de le couper en plusieurs morceaux. BOUM. J’ai été éjecté en arrière à 1 mètre ! mon pote a dû vivre un cauchemar, il a cru que j’étais mort ! Mon voisin a débarqué parce qu’il a vu les ondes électromagnétiques faire grésiller sa télé et il aura du mal à gober notre mensonge qu’il s’agissait d’un pétard ! Plus de peur que de mal même si j’ai perdu un peu d’audition à la suite de l’explosion et beaucoup plus tard est apparu un acouphène permanent sur l’oreille qui avait le plus dégusté. Mais cela aurait pu tourner beaucoup plus mal si je n’avais pas utilisé une pioche. J’aurais pu perdre mes mains ou mourir si l’explosion avait eu lieu prés de mon visage. Evidemment, quinze ans plus tard, j’ai reconstitué l’ensemble de la situation et compris que j’avais probablement était encore hameçonné sur cette histoire de bombe par le surhomme via « le dealer ». Ce qui est particulièrement intéressant pour moi c’est d’étudier qui est dangereux et influençable dans cette histoire. Je précise que je n’avais pas le début d’un embryon d’intention malveillante avec cette histoire de bombe. Le surhomme est composé lui-même d’agents à qui on fait faire n’importe quoi. Ces agents se sont amusés à inventer un pot de miel qui aurait pu me coûter la vie si j’avais bu une bière de trop. Et se sont typiquement ce genre de personnes qui sont capables d’en sourire et de parler de sélection darwinienne (« l’évolution nous débarrasse des cons »). Il est clair avec le recul de 20 ans et l’excellente mémoire que j’ai des faits (et surtout de mon intentionnalité et de ma morale) que la faute lourde de mise en danger de la vie d’autrui incombe au surhomme et ses sbires. Et c’est pourquoi également je m’estime en situation d’autorité totale sur la DGSE, la DGSI, la CIA, la reine d’Angleterre, le pape et que sais-je : n’importe quelle institution pourrie dans son noyau dès lors qu’elle a participé ou cautionné toute cette merde. Ce sont des ENFANTS dans leur tête et ils font courir des risques inconsidérés aux autres.

Ce n’est pas moi qui « ose tout ». En particulier, je ne lève pas la main sur un non-violent, je ne manipule pas un homme pour lui faire fabriquer une bombe. Si j’avais perdu une main dans cette explosion, je SAIS qu’aucun d’entre vous ne serait venu me voir pour me demander pardon. La lâcheté et la fourberie vous aurait servi d’excuse pour passer au méfait suivant tout en prétextant et en essayant de vous convaincre que vous êtes responsable de la sécurité. Malheureusement, vous n’êtes pas responsable de quoi que ce soit.

Avec mon dealer, on aura fait un certain nombre d’expériences « limites ». Une fois on bouffera une « space-omelette » avec l’équivalent d’une barrette entière de shit à l’intérieur. Le THC par voie orale est plus violent encore que par voie pulmonaire parce qu’il n’y a pas de perte. Résultat, je ferai une sorte d’overdose : j’ai souvenir d’une sorte de bombe atomique qui explose dans ma tête avant de perdre conscience. Quand on s’est réveillé le lendemain, on était encore largement défoncé de la veille… J’aurai testé avec lui tout un tas de cochonnerie dont les ballons de protoxyde d’azote. Et puis il y avait les délires du genre descendre en rappel à poil d’un immeuble de 8 étages… On avait 20 ans et on s’est quand même bien marré, je dois le confesser. Mais mon dealer avait toujours cette volonté un peu perverse d’ascendant sur moi qui finissait par me rebuter à la longue. Il se vantait quasiment d’être dans « le milieu » et me gonflait avec ses histoires à la con. Un jour, j’ai été obligé de remettre les pendules à l’heure et j’ai enlevé toutes les feuilles de l’artichaut de sa personnalité factice pour lui montrer que son personnage sonnait faux et que je préférais celui, beaucoup plus vrai, que j’avais connu quand nous avions 15-16 ans. Il n’a pas nié, il en a même pleuré : il me disait qu’il craignait qu’après avoir enlevé toutes les feuilles de l’artichaut, il ne reste plus rien. Ce n’était pas particulièrement agréable de faire cela mais je l’ai fait pour lui et pour moi, pour donner une chance à cette pseudo-amitié de repartir sur de nouvelles bases plus égalitaires et plus saines mais cela n’a pas marché. J’ai donc pris mes distances avec lui. Une dizaine d’années plus tard, sa copine m’a appelé pour qu’on lui organise une surprise pour son anniversaire. Ils allaient avoir un enfant et j’ai accepté de renouer contact, espérant qu’il avait évolué dans la bonne direction. Mais ce n’était pas le cas. Quelques années plus tard, il se retrouvait seul avec son fils avec une vie quelque peu marginale toujours très accès sur les expériences « limites » et la consommation de stupéfiants. Parallèlement, il était devenu infirmier en psychiatrie à l’hôpital de Saint-Egrève. Disons qu’il y était infiltré pour pouvoir récupérer tous un tas de médicaments stupéfiants qu’il expérimentait : il m’a montré un jour son stock : c’était impressionnant ! Je maintenais le contact avec lui et l’invitais même à mon mariage. Il me semblait bon pour lui qu’il maintienne un tissu de relation qui tienne la route (moi en l’occurrence) et il me semblait bon pour moi de maintenir un tissu d’amitié hors de ma classe sociale et de mon milieu professionnel. Bref, de continuer à fréquenter, comprendre et aimer les marginaux. Un jour il discutera longuement avec moi d’un ouvrage qu’il avait laissé trainer et que j’avais moi-même lu : « surveiller et punir » de Michel Foucault. Avec le recul, je pense qu’il y avait probablement encore une allusion à ce qui s’était passé dans l’ombre avec le surhomme des années plus tôt. Et cette surveillance et punition était en train de se remettre en place étant donné la thèse beaucoup trop subversive que je publiais.

Puis j’ai été embauché comme chercheur à l’institut Curie à Paris et approché par les services secrets en 2014. Le lendemain de mon enterrement de vie de garçon, nous passions la soirée ensemble avec mon dealer et je lui expliquais que j’étais probablement approché par la DGSE ou la DGSI. Plus tard, j’apprendrais que c’est lui qui a réussi à trouver le moyen de se procurer le numéro de ma copine et de l’appeler pour lui dire que « j’étais cinglé ». C’est à partir de ce coup de fil que je serais interné sous contrainte dans l’hôpital où il travaillait. Je lui signifiais à cette occasion qu’il avait réussi son coup (que j’étais interné dans son hôpital) et que s’il voulait venir discuter avec moi, il fallait qu’il ramène une bouteille de whisky en douce (j’ignorais complétement à cette époque qu’il était un agent). Il viendra me voir sans ramener ladite bouteille et je refuserai de parler avec lui. Quand ma copine m’a dit qu’elle avait reçu un coup de fil d’un copain à moi « inquiet pour mon état de santé », j’ai vraiment soupçonné tout le monde, lui compris. Mais il est vrai que j’ai été très surpris que ça puisse être lui. Les autres, j’aurais plus facilement accepté. Mais lui ? sachant qui il était ? Un petit délinquant sans morale frôlant la perversité ? C’était inadmissible.

Quelques années plus tard, je rendais très souvent visite à une amie rencontrée par l’intermédiaire d’un GEM (groupe d’entraide mutuel). Cette dernière était régulièrement hospitalisée à l’hôpital de saint Egrève et je savais qu’un jour, le surhomme organiserait une rencontre entre « mon » dealer et moi pour s’amuser, pour voir comment je réagirais. Les services secrets trouvèrent donc un prétexte pour transférer mon amie dans le pavillon où il travaillait. Je l’apercevais de loin et je demandais à une infirmière de lui transmettre un message : « dites-lui simplement que je lui pardonne ». Quelques jours plus tard, lors d’une visite, il vint à moi avec son sourire lourd de sous-entendu, me montrant par là qu’il n’avait pas changé d’un iota. Je lui demandais s’il avait bien reçu mon message. Il bafouilla déjà un « non » puis confessa un « oui » mais arguant à demi-mot que le fait de passé par un intermédiaire supprimait toute valeur au dit message. Je lui signifiais alors oralement à nouveau cette vérité : « je te pardonne » mais refusant de discuter plus longuement avec lui : je ne venais pas pour lui, je n’avais pas peur de lui et j’avais autorité sur lui. Et j’ai fait en sorte qu’il le sente.

Durant ces années, j’ai clairement sous-estimé son pouvoir de nuisance sur moi. Quand je me suis rendu compte que sa fréquentation n’était plus souhaitable -- avec ou sans la présence du surhomme --, j’ai stoppé toute relation. Je ne l’ai jamais haï. J’ai pu éprouver parfois une forme de mépris mais qui est absente à l’heure où j’écris ces mots. Un jour, quelque temps avant qu’il ne me fasse interner, il m’avait confessé être un peu perdu et ressentir le besoin d’aller à l’église avec son fils le dimanche. C’est l’image que je veux garder de lui et c’est l’orientation que je lui souhaite. Je ne lui ai jamais souhaité aucun mal. D’autres, dans les mêmes circonstances, l’auraient simplement zigouillé.

Rien de tout cela n’a vraiment été douloureux pour moi. Le coup de poing (plus exactement le tabassage dans le tunnel par un psychopathe) a néanmoins participé à laisser des traces de stress-post traumatiques mais j’étais déjà, bien avant ce coup de poing, complétement mangé et ravagé par la peur des autres. Le pot de miel du plastique explosif, la participation du dealer à mon internement, la découverte de son rôle d’agent chargé de me « surveiller et [et de me] punir » : rien de tout cela n’a été réellement douloureux en comparaison des 8 années de piano par exemple.

En revanche cela m’aide à dresser un portrait-robot du surhomme et de son fonctionnement. J’ai en particulier la théorie suivante : le surhomme ne fonctionne pas de manière centralisée mais de manière décentralisée, en réseau, y compris au niveau des décisions qui sont prises. Autrement dit mon « dealer » avec quelques autres personnes, ont eu la possibilité de mener la surveillance d’une part mais de décider également de la punition (le coup de poing dans le tunnel) d’autre part. Globalement le pouvoir en place mondialisé dirait aux agents dans la confidence : « vous gérez vous-même le merdier à votre échelle sinon on sera obligé de s’en charger nous-même et comprenez-bien que ce ne sera pas la même ». Toute la surveillance et l’implémentation des punitions s’effectuent dans l’immense majorité des cas à l’échelle locale. Il est peu probable qu’ils gardent des traces écrites dans des administrations. Un surhomme contrôle et corrige ce qu’il estime devoir corriger en temps réel et il se fout du passé. Il est également probable que peu des gens aient accès à la vérité des trames et complots menés à l’exception des « locaux » qui l’ont implémenté. On retrouve la phrase de Phillipe K. Dick en substance : « tout le système reposait sur le fait que personne ne savait, au juste, quelles étaient les scènes falsifiées ». Cela expliquerait la grossièreté et l’extrême violence de la punition qui m’a été infligée : elle était le fait de « gamins » formés à l’action secrète et qui se sont simplement dit « on va lui donner une petite correction pour le remettre dans le droit chemin ». Un truc du genre.

Aujourd’hui en 2024, j’aurais affaire depuis 10 ans a à peu près la même chose mais à une autre échelle c’est-à-dire impliquant beaucoup plus de monde : tout ceux, formés à l’action secrète, qui se retrouvent en contact avec moi pour une raison ou pour une autre. Et cela ne se limite pas aux interactions de visu mais inclut les interactions par média interposé (télévision, radio, internet etc…). Autrement dit, si je regarde (ou écoute) une émission donnée à la TV ou à la radio, le présentateur sera chargé de m’envoyer un message parce qu’il est considéré comme faisant partie de mon réseau « local » : quand vous avez « une star » quelconque (acteur, politique, chanteur, personne du show-business…) qui vous envoie un message donné, l’effet d’influence ou d’intimidation est jugé statistiquement plus important. Quand on est « un poisson » (comme je le suis aussi), on peut penser qu’une « star » est quelqu’un d’important et trouver étonnant voire impossible qu’elle puisse s’intéresser à « nous, les poissons insignifiants ». Il n’en est rien : le narratif du pouvoir en place confère une aura factice « aux stars » qui le savent d’ailleurs très bien. Elles ne sont rien de plus que vous et moi : des personnes avec leur force et leur faiblesse qui font ce qu’elles peuvent pour souffrir le moins possible dans cette existence… A ce titre, il n’est pas étonnant qu’elles interagissent avec nous (par TV, radio interposé) puisqu’elles ne sont pas plus que nous. Et si elles nous persécutent, elles sont même plutôt « moins » que nous les persécutés sauf si elles n’ont vraiment pas le choix.

Ainsi ce à quoi j’aurais affaire est simplement un réseau fantôme local (essentiellement constitué de mes proches formés à l’action secrète) se mouvant autour de moi dans l’obscurité pour exercer la surveillance, le contrôle, l’intimidation ou la punition etc… Toujours avec cette idée que « si ce n’est pas nous qui nous occupons de nos affaires, d’autre le feront et ce sera pire ». C’est peut-être avec cet argument qu’on les convainc de se plier au jeu. Il est également plausible que ce jeu/ce programme mis en place à l’échelle mondiale inclut également un volet politique car tous ces agents finissent par comprendre que tout est affaire de narratif : cet homme que nous violons et persécutons dans l’ombre : qui est-il vraiment ? Est-ce que c’est un terroriste ou un résistant ? Personne ne fait jamais l’unanimité et pour tout individu, il y a un prisme, un curseur des avis le concernant : « c’est un con », « c’est un faible », « c’est un collabo », « c’est un égoïste »,« c’est un type normal », « c’est un type au-dessus de la moyenne », « c’est un homme bon », « c’est un héros » etc… Ainsi aujourd’hui, je propose deux pistes, deux directions possibles à ceux qui recherchent la vérité :

Mais qui peut accepter de participer à cette merde ? Je ne sais pas. C’est ce que je ne comprends pas.

Le bouton rouge

Arrivé au lycée, j’étais plus ou moins préprogrammé pour rentrer dans la filière scientifique. J’avais certes réussi à dire « non » au piano en quatrième mais rapidement, j’ai eu droit à des cours particuliers de math, de français, d’anglais, d’allemand… Cela ne s’arrêtait jamais. Je ne vivais essentiellement que pour l’école, les notes, le BAC. Cela partait d’une bonne intention : « on l’emmerde secrètement pendant quelques années avec toutes ces conneries mais après il nous en remerciera car alors tout sera plus facile pour lui ». Rien n’a été plus facile par la suite et je m’adresse plus particulièrement aux jeunes lecteurs : n’oubliez jamais qu’un tien vaut mieux que deux tu l’auras. A cette époque, je n’avais guère de vie. Je me levais à 6h15. J’avais des cours toute la journée. Je rentrais à 18h15. J’avais 15 min pour goûter (en culpabilisant souvent si je dépassais) puis c’étaient les cours particuliers ou les devoirs jusqu’au repas puis rebelotte jusqu’à 22h00. Je faisais tout pour réussir à m’endormir pour 22h30 pétante car je savais que sinon le réveil du lendemain serait un cauchemar mais mon cerveau échouait la plupart du temps. Et je m’endormais un jour sur deux, sur ma chaise en plein cours, au lycée. J’avais 2 heures « pour moi » dans la semaine : mon groupe compétition d’escalade du mercredi soir. Et c’est tout. Tous les week-ends étaient passés à réviser pour les « devoirs surveillés », « devoirs maison », « bac blanc » et autres bêtises de nos chers professeurs. Cette vie de merde qui m’était imposée était lié au narratif du pouvoir en place. J’ai frôlé la mention « très bien » au BAC, cette mention illustrant le manque total de maturité: la docilité, confiance et soumission intégrale au monde dit « adulte ». D’autres, au même âge, ne s’inquiétaient guère d’obtenir une mention ou pouvaient jouir de filières plus faciles qui leur laissaient du temps pour vivre. Sans compter ceux « suffisamment dans le coup » qui pouvaient jouir des plaisirs de l’adolescence, des joies du groupe, des soirées, des petites amies etc… Un monde secret s’est amusé à me fabriquer une vision de l’existence totalement étriquée. Il n’y a eu aucun adulte pour venir me voir et me dire : « tu sais, tout cela c’est de la merde. Ils te mentent tous et si tu ne t’en rends pas compte rapidement, ton esprit et ton corps en feront gravement les frais ». Mon corps a commencé à tirer la sonnette d’alarme dès la terminale S. Je ne pouvais plus uriner en situation de stress. Et je reste victime de ce trouble : si une personne m’attend -- simplement m’attend --, je n’ai aucune chance de réussir à uriner. Ce qui fait que régulièrement, je me tords de douleur d’envie de pisser sans le pouvoir. N’oubliez jamais que ces mentions ont un coût très cher en termes médico-psychologique : stress, anxiété, angoisse, névrose, troubles psychosomatiques divers (comme dans mon cas les troubles urinaires). Ces troubles peuvent perdurer longtemps et vous pourrir une bonne partie de votre existence. Fuyez les mentions et les bonnes notes, ne croyez pas les adultes qui sont tous de menteurs professionnels muselés. Vivez votre vie tel que vous l’entendez. Dirigez-vous vers ce qui vous met en joie, écoutez ce que vous dit votre corps et ne faites confiance qu’à vous. Il n’y a rien de plus important que la liberté.

C’est dans ce contexte que d’autres évènements beaucoup plus graves se sont produits. Je ne suis pas absolument sûr de mon interprétation ni de ma mémoire car tout cela remonte à plus de 23 ans. Néanmoins, j’estime le scenario que je vais décrire comme très hautement probable. En première S, on m’avait inscrit au BAFA et une jeune femme de 19 ans, étudiante en psychologie, m’avait, un soir, tenu un discours assez troublant : elle m’avait déjà demandé de la masser tout en me parlant continuellement de son copain puis s’était rapproché de moi de plus en plus tout en continuant de me parler de son copain. Enfin, elle m’avait embrassé tout en évoquant régulièrement son copain. Pour moi c’était mon premier baiser, c’était donc merveilleux et je ne comprenais pas grand-chose à son narratif. Dans les semaines qui ont suivi, quelque chose a été orchestré dans l’ombre. Mes parents partaient ailleurs quelques jours « comme par hasard ». Nous avions convenu que cette jeune fille viendrait passer la nuit chez moi. Ma sœur avait une voiture et pouvait aller la chercher à la gare. Il y avait également un dossier scolaire à faire en groupe et plusieurs de mes camarades y compris féminines étaient chez moi ce jour-là ainsi qu’un copain à moi (qui deviendra beaucoup plus tard le colocataire qui m’expulsera à la demande du surhomme). Quelque chose ne collait pas du tout avec cette histoire de travail de groupe car ces personnes n’étaient pas forcément dans ma classe, je ne les connaissais quasiment pas et je n’avais jamais invité personne chez moi pour des faits similaires. Ma sœur est allée chercher cette jeune fille à la gare qui a pu ainsi croiser les camarades qui partaient. J’ai passé la nuit avec cette fille sans que nous ne fassions néanmoins l’amour. Mon pote dormait dans la chambre d’à coté et était certain « d’avoir entendu » la preuve que l’acte sexuel avait été consommé. Mais ce n’était pas le cas. Vous comprendrez plus tard où je veux en venir.

Un an plus tard, j’ai été invité par ce même pote et sa mère à aller aux Eurokéennes de Belfort (un festival de musique) : cela durait plusieurs jours. Une jeune femme de 21 ans nous a proposé -- à moi et mon pote -- d’aller dans sa tente pour nous faire un massage. Bizarrement mon copain a été rapidement mis sur la touche alors que physiquement, il était largement mieux pourvu que moi pour remporter la bataille. Je masse la fille qui m’embrasse et nous faisons l’amour. Elle me traitera essentiellement comme un chien et ce sera « une première fois » catastrophique, non pas sur le plan physique mais au regard du comportement de cette jeune femme : sans aucune humanité, ni douceur. Juste après l’acte, elle m’a simplement foutu dehors de sa tente. Le fait troublant c’est que mon pote est resté dans la tente pendant toute la durée de notre ébat, prétextant s’être endormi. L’année d’avant, il était également au première loge (dans la chambre d’à côté) pour savoir si « oui » ou « non », l’acte avait été consommé.

Dans ces deux histoires, il y a beaucoup trop de choses qui clochent pour que je ne ressente pas la présence d’une orchestration. Je raconte mal ce qui s’est passé, je sais que je suis peu convaincant et que pour beaucoup, il ne s’agira que de surinterprétations délirantes de ma part. Et pourtant, même si je le retranscris très mal, quelque chose clochait gravement…

Deux ans plus tard, je devais être animateur dans le sud de la France. Mon « dealer » m’accompagnait en voiture et tenait absolument à ce que j’emporte un livre de blague de Coluche qui lui appartenait. Je ne comprenais pas son insistance mais je me retrouvais avec ledit bouquin dans mon sac-à-dos. Je rencontrerais une autre animatrice et il semble qu’il y ait eu à nouveau des « forces » qui œuvrent pour qu’on se mette ensemble. Mais elle tombera sur le bouquin de Coluche et le prendra extrêmement mal : elle se mettra en colère et en sera profondément choquée voire apeurée. Mais c’était un simple livre de blague de Coluche : rien d’inacceptable et je me demandais à cette occasion si la santé de mentale de cette jeune femme était correcte. Un autre animateur récupéra des clés d’une infirmerie pour que l’on puisse passer la nuit ensemble ce que nous ferons. Mais il ne se passera rien du tout mise à part un smack. Quand nous étions dans le lit tous les deux, cette jeune fille déclarera « mais c’est ridicule » sans que je comprenne à quoi elle faisait allusion. Mon interprétation de tout cela est que cette fille était en phase de retournement ou alors une agent débutante. L’image de Coluche est régulièrement utilisée pour envoyer une menace : une manière de rappeler qu’il a été tué par un poids-lourd parce qu’il circulait à moto. En « allemand » (langage à double entente), cela peut signifier qu’il voulait aller très vite tout seul (la moto) et qu’un poids-lourd (le surhomme) a été obligé de s’en débarrasser. Noter le film « tchao pantin » prémonitoire, au ton très grave, qui mène, à la fin, à l’assassinat de Coluche (« Lambert », de mémoire) parce qu’il décide de rendre justice seul à un jeune homme tué devant ses yeux.

J’ai dit ailleurs que le processus de recrutement des agents commençait très tôt, avant l’adolescence. Un jour, j’ai demandé à mon colocataire (celui qui était toujours là quand je dormais avec les jeunes filles et qui m’expulsera de mon logement 20 ans plus tard) depuis quand il était un agent : il me répondra plus ou moins en allemand : « mais depuis toujours ». J’ai mentionné également avoir rencontré beaucoup d’agents adolescents voire pré-adolescents.

Quelle est mon analyse de tout cela ? Au regard de la vie complétement étriquée et bornée que j’avais durant le lycée, des agents « ange-gardien » ont décidé d’œuvrer dans l’ombre pour, entre-autre, me dépuceler en me mettant dans les bras d’agents féminines missionnées dans cet objectif. C’est pour cela que le comportement de ces filles ne collait pas : avant même qu’il ne se soit passé quoi que ce soit, elles hurlaient déjà « ne t’attache surtout pas ». Tout dans leur attitude indiquait qu’elles faisaient l’objet d’un pilotage par un surhomme, en particulier leur approche beaucoup trop directe alors qu’elles ne me connaissaient pas du tout et que je n’étais vraiment pas le genre de garçon qui attirait les filles : « tu viens me faire un massage dans ma chambre ? ». Des observateurs et intervenants étaient là pour aider à l’orchestration et au contrôle des faits. Telle est je le crains, la réalité de ce qui s’est passé.

Mais bien évidemment, qui veut faire l’ange fait la bête. Rien dans ces situations ne m’a blessé au moment des faits. Mise à part peut-être la fille qui m’a dépucelé en me traitant vraiment comme une merde. Soupçonner et découvrir la vérité 20 ans plus tard n’est pas particulièrement douloureux non plus dans la mesure où je savais déjà que j’avais affaire à un surhomme monstrueux. Mais ces faits, d’une gravité exceptionnelle de part ce qu’ils impliquent, constituent pour moi une raison suffisante pour requérir l’appuie sur le bouton rouge. Par bouton rouge, je n’entends pas le feu de l’arme nucléaire ni le massacre des agents et de l’humanité entière. Par bouton rouge, j’entends un diagnostic : l’humanité est victime d’une tumeur « cérébrale » d’une gravité totale qu’il va falloir extraire d’une manière ou d’une autre. L’humanité court essentiellement deux risques : l’anéantissement physique (bombe H) et le dépérissement existentiel (transformer les humains en quelque chose qui n’a plus rien d’humain). Nous sommes à l’évidence dans ce deuxième cas de figure. La dystopie « le meilleur des mondes » est peut-être encore loin de la vérité par rapport à notre situation potentiellement bien pire. Dans la communauté anarchiste où je suis parti vivre en 2016, un agent m’avait dit textuellement : « ce n’est pas qu’on risque d’aller dans le mur, c’est qu’on est déjà dans le mur ». Je crains qu’il ait parfaitement raison.

Je n’ai été qu’une marionnette dans leurs mains et ils se sont senti autoriser à orchestrer la fabrication des meilleurs souvenirs de ma vie (mon premier baiser, mon dépucelage). Ce n’est pas seulement quand on est jugé dangereux ou subversif que le surhomme nous surveille et nous punit : il se sent légitime à être à l’origine de chaque brique de notre existence et de nos pensées. Et c’est cela qui nécessite l’appui sans tarder sur le bouton rouge. Toute personne ou tout groupe de personne capable de venir à moi en pleine lumière pour opérer un « fork » / un embranchement / un virage à 90° pour sortir l’humanité de ce dépérissement existentiel insupportable, trouvera en moi un allié qui mettra toutes ses forces dans l’accomplissement de cet objectif.

Opérons déjà un « commit » (terme d’informatique signifiant une sauvegarde à un temps t). Nous sommes en 2024 et :

Ces éléments sont suffisants pour me faire considérer que l’humanité est dans le mur, victime d’un terrible dépérissement existentiel qui ne va faire que s’accroitre avec « le progrès scientifique ». Il est fort possible qu’il soit déjà trop tard. Si ce n’est pas trop tard, il faut immédiatement opérer un virage pour aller ailleurs. Où ? C’est très difficile à dire mais il semble que le préalable est de créer des psychismes disposant d’une énorme force intérieure : capable d’un contrôle très poussé sur leurs propres pensées et émotions et capables de distinguer le bien du mal, d’aimer le bon, le vrai et le juste. Capable de vouloir une unité dans la vérité pour l’humanité c’est-à-dire excluant toute possibilité de création de faux-plancher. Il faut des êtres humains capable ultimement de confesser tout ce qu’ils ont fait, dit et pensé à n’importe quel autre de leur frère humain. Or c’est exactement ce qu’il manque actuellement : nous avons affaire à des agents qui ne reconnaitront jamais qu’ils se sont permis de me traiter comme une chose, un animal, une marionnette. Le système à deux planchers (ou à multiples planchers ?) ainsi généré ne peut mener qu’à l’anéantissement ou accroitre toujours plus le niveau de dépérissement existentiel dans lequel nous nous trouvons.

Ce qui dépend de moi qui suis apparemment (à ma connaissance) le seul en mesure d’écrire en clair sur ce sujet, c’est de reconnaitre la gravité de la situation et de proposer le fork. Ce fork ne doit pas être entendu au sens de scission. Si l’unité dans un surhomme est détestable étant donné ce qu’elle implique, l’unité dans l’espèce humaine est cruciale (y compris et surtout dans la vérité). Sinon, un jour, un sous-groupe organisera un faux-plancher à un autre sous-groupe dont il prendra soin comme on prend soin des petits veaux. Ce deuxième sous-groupe gardera la confiance jusqu’au bout c’est-à-dire jusqu’à l’abattoir. L’être humain n’a aucun scrupule à créer des faux-plancher aux animaux d’élevage pour servir ses intérêts et reléguant ces pauvres bêtes au seul statut de « produit ». Des choses similaires se produiront dans les sous-groupes humains si cela ne se produit pas déjà maintenant. Nous sommes dans le mur. Tout ce que je peux faire c’est éclairer sur la réalité du mur et de tenter de mener ceux qui le veulent bien dans des directions radicalement différentes de celles qui existent.

Je ne suis pas votre créature et vous n’aviez aucun droit d’orchestrer dans l’ombre ma sexualité. C’est la faute la plus grave que vous ayez commis à mon égard : la faute qui engendre l’appuie sur le bouton rouge. Je ferai tout pour extraire cette tumeur cérébrale de votre O.S (système d’exploitation) capable de vous faire commettre des choses aussi monstrueuses et contraires à l’idée de l’humanité. Ce que vous avez oser me faire et qui définit ce que vous êtes, j’essayerai d’en débarrasser l’humanité dans l’intérêt des générations futures. Votre psychisme doit être détruit et réécrit pour que vous ne puissiez plus vous comporter en animal avec les gens comme moi. Les choses sont ainsi, je le crains.

A Paris en 2016, le vieux médecin-agent avait commencé à sentir que je ne les rejoindrai jamais : il était irrité, presque en colère et m’avait dit : « mais qu’est-ce que tu vas faire ? tu vas créer ta propre secte ? ». Quelle alternative me laisse-t-il ? Croit-il que je vais orchestrer dans l’ombre le dépucelage de mon neveu ou de ma nièce en « étant très fier de moi » tout en niant jusqu’à ma mort la vérité s’ils devaient être amené à la découvrir ? Et si par hasard ils la découvrent, dois-je ensuite les traiter de parano et les faire interner et torturer pendant 10 ans pour les faire taire ?

Oui, aujourd’hui, puisque je ne sais pas la vérité, je n’ai d’autre choix que de créer une autre secte (cette opération de secours) sans présumer qu’il n’y ait jamais d’adeptes et sans que cela ne soit réellement important pour moi. Ma secte me sert déjà à moi de « stable ». Je suis mieux seul en ma compagnie qu’avec des gens qui dégradent toujours plus l’humanité dans ce dépérissement existentiel ignoble. Vous n’aviez pas le droit de me faire ce que vous m’avez fait. Et si vous regardez au plus profond de vous-même, et bien vous le verrez. Quand Truman (voir le film « Truman show ») sort de sa prison, nous ne savons pas ce qu’il va faire. Nul doute qu’il ne massacrera certainement pas le corps de tous « ses fans » mais massacrera la bêtise de leur psychisme qui leur a rendu tolérable l’intolérable. Et ce afin que leurs propres enfants n’aient plus à vivre dans un monde où de telles atrocités sont perçus comme banales et acceptables. De plus il n’étouffera pas l’affaire afin que les générations futures aient parfaitement conscience de ce à quoi ont osé participer les « êtres humains » des années 2024 simplement par mimétisme : « parce que tout le monde y participait et que cela semblait normal et acceptable, le moins pire des systèmes. Il faut nous comprendre c’était soit eux soit nous, il fallait protéger nos arrières, assurer la sécurité bla bla bla… ».

De la médecine

C’est dès la troisième que j’ai su que je voulais devenir médecin. Et je savais aussi qu’il y avait une terrible épreuve à passer : le concours de la première année d’étude. J’ai donc eu largement le temps de me préparer psychologiquement à cette épreuve. En général, la plupart des futurs médecins réussissent en deux ans c’est-à-dire qu’ils redoublent une fois la première année et réussissent le concours l’année suivante. Comme une bonne partie de mes camarades, j’ai travaillé 12 heures par jour pour apprendre par cœur plusieurs mètres cubes de cours et d’information. Le marathon dure environ 9 mois. Il faut travailler 12 heures par jour y compris le jour de Noël et le jour de l’an. Tout le monde est soumis au même régime.

Ma première « première » année, j’ai donné tout ce que j’avais dans le ventre ce qui était peut-être une erreur. J’ai raté de très peu le concours et j’étais donc contraint de tout recommencer l’année d’après. Sur le papier, j’étais censé être particulièrement bien placé pour réussir. La deuxième année, j’ai recommencé dans de biens mauvaises conditions : mon grand-père se défenestrait en tout début d’année. J’ai néanmoins tenu le rythme de cinglé des 12 heures de travail par jour jusqu’en mars soit environ 7 mois. Mais quelque chose était cassée en moi et ce, dés le début de cette deuxième année : je réapprenais par cœur les mêmes conneries et je sentais bien inconsciemment que tout cela était bête et méchant : un bourrage de crâne comme on dit. Mais l’expression est galvaudée et on n’est plus capable d’entendre vraiment ce qu’elle dit : un système politique va effectivement bourrer le crâne à des dizaines de milliers de jeunes de 18 ans d’une manière extrême c’est-à-dire au maximum du possible. Ces étudiants ne pourraient pas travailler plus sans que cela devienne suboptimale : ceux qui travaillent par exemple jusqu’à 2 heure du matin n’auraient aucune chance de réussir à cause de l’épuisement physique. On voit à nouveau comment un système peut partir dans une direction où toute idée de mesure a disparu sous prétexte de la notion de sélection et d’avoir les meilleurs médecins. Durant cette deuxième « première » année, mon esprit a réellement commencé à montrer des signes de faiblesse. Je tournais au guronsan (médicament à base de caféine) chaque matin depuis bien longtemps à cause de la fatigue. Mais j’ai commencé à en sniffer régulièrement en plein amphithéâtre, une manière pour moi d’exprimer mon mal-être. Puis j’ai commencé tous les jours à m’enfermer dans les toilettes pour me mettre du C.S (le produit qu’on trouve dans les bombes lacrymogènes) dans les yeux afin de souffrir physiquement. J’en suis allé jusqu’à m’automutiler le poignet avec un couteau. Pour empêcher la cicatrisation de la plaie profonde que je m’étais fait, je la recreusai régulièrement au couteau. J’en ai évidemment encore la cicatrice de 7 cm de large (15 ans plus tard, lorsque le surhomme sortira de l’ombre en 2014 et commencera à me torturer, je dessinerai l’entaille jumelle à côté de la première). Mon esprit déraillait tellement qu’un jour, je me suis rendu en cours en pyjama. J’ai abandonné 2 mois avant la fin des deux ans. Le surhomme a néanmoins tenté de me faire revenir sur ma décision : un jour que j’étais sur le campus, je croise un professeur qui m’aborde « comme par hasard » pour me questionner et je lui dis que je viens d’abandonner « médecine ». Il tentera de m’en dissuader en me disant « que j’allais le regretter toute ma vie ». Je ne l’ai jamais regretté.

Des gens qui ont raté médecine, il y a en des dizaines de milliers chaque année. Il faut comprendre que chacun va vivre cette épreuve à sa manière et donc que les expériences et ressenties ne seront pas forcément transposables des uns aux autres. D’autres part, le fait de réussir le concours influe également clairement sur le sentiment à l’égard de ce concours car il y a eu la récompense. Si j’avais réussi dés la première année (et je rappelle que cela s’est joué à un iota), le narratif que je proposerai de cette première année serait évidemment complétement différent et je parlerai sans doute « d’un mal nécessaire ». Cela reviendrait à prendre soin subtilement de ma vanité : « il faut bien sélectionner les meilleurs… dont je fais partie ». On voit donc bien à quel point les paramètres susceptibles d’influer sur un narratif donné sont multiples.

Ce concours stupide m’a fait très mal : il relève sans aucun doute d’une forme subtile d’oppression psychique. Il sera directement responsable de ma plongée dans les conduites addictives (cannabis et alcool essentiellement) non par pour jouir de la jeunesse et faire la fête mais « pour fuir ce monde horrible ». A 20 ans, j’étais déjà largement avancé sur le chemin de l’alcoolisme, tout cela à cause de ce concours absurde. J’ai voulu soigner les gens -- et je l’ai prouvé par un travail de titan -- et le système m’a remercié en me brisant et en me rendant malade.

Bien que je fusse et demeure un homme fragile, je ne crois pas être le seul à avoir payer un prix beaucoup trop lourd pour avoir voulu faire le bien : soigner des gens. La plupart réembrayent peut-être sans trop de difficulté dans l’existence mais il y en a beaucoup qui en garderont des séquelles et cicatrices indélébiles toute leur vie. Je pense notamment à un copain à moi qui a également largement sombré dans l’alcool suite à cet échec, ce qui l’a mené par la suite à un terrible accident de scooter.

Comme politique, j’ai la responsabilité de protéger les gens quel que soit leur âge ou leur situation. J’ai largement abordé plus haut la protection de l’enfance. Il s’agit ici de protéger les jeunes étudiants. Evidemment, on pourra penser que je ne traite que de « moi » et de ce que j’ai vécu. Effectivement, j’essaie de parler, dans la mesure du possible, de ce que je connais. Comment donner des lignes sur ce que l’on ne connait pas ? Néanmoins, il sera facile de dériver ma pensée sur ces sujets à un grand nombre de situations différentes.

Nul doute que des pontes de médecine ici ou là défendent bec et ongles ce concours méchant, prétextant que c’est la condition pour avoir une médecine de qualité, pour former à la médecine des hommes et femmes « robustes ». Ceux-là ne semblent pas particulièrement concernés par le sort de tous ceux qui en perdront des plumes à en tomber malade. Je n’ai pas le temps de fournir la maquette de la réforme à mettre en œuvre pour faire disparaitre ce concours odieux même si mes idées sur ce sujet ne manquent pas. D’autres, je l’espère, prendront le temps de le faire.

Si un tyran me laissait le choix entre réapprendre ces 5 mètres cube de cours ou boire un verre de pentobarbital pour quitter ce monde, je n’hésiterai pas une seule seconde. Si c’était moi le tyran et que je prenais quelques pontes défendant ce concours en les forçant à le repasser et à le réussir sans tricher sous peine « d’être privé de retraite » comme on dit, je ne sais que trop qu’ils se retrouveraient très rapidement tous à quatre pattes à me supplier de les affranchir de ce calvaire…

Parmi les choses dans l’existence qui m’ont fait vraiment du mal, il y a ces dix dernières années de persécutions par le surhomme en position numéro 1. Une hypochondrie extrêmement grave qui a duré plusieurs années en position numéro 2. Ces deux années de médecine en position 3. Puis les leçons de piano en position 4. Tout le reste en comparaison est insignifiant.

Dans cette liste on repère plusieurs dénominateurs communs :

J’ai fait exprès de décrire des formes d’adversité qui sembleront « bien peu de choses » à la plupart des lecteurs. Le fait est que je suis en bonne position pour donner une visibilité à ces formes d’oppression plus subtiles, plus sournoises, plus insidieuses et qui ne sont donc pas décrites comme tel par les narratifs dominants. En effet, il est possible qu’il y ait des gens qui « respectent » les 10 années de persécutions (et donc de résistance) que j’endure chaque jour. Et donc ils sont contraints d’accorder un certain crédit à ce que je pointe du doigt : d’autres formes d’oppression qui m’ont clairement abimé et empoisonné l’existence et que je décris comme n’étant guère différentes des persécutions bêtes et méchantes du surhomme. Comme je l’ai déjà écrit plusieurs fois, je ne suis pas passé d’un monde « bisounours », « pur », « protecteur » (les 30 premières années de ma vie) à un monde glacial d’un homme persécuté seul contre tous (ces 10 dernières années) : je vivais déjà dans un monde extrêmement dur dans lequel il faut sans cesse puiser au plus profond de soi pour tenir et ne pas s’effondrer.

J’en ai terminé avec ce qui m’a fait réellement et profondément souffrir. Le reste sera donc nettement plus léger.

Pour solde de tout compte

Entre approximativement 21 et 25 ans, j’ai été sapeur-pompier volontaire (SPV) dans un centre de secours principal (CSP) d’une grande ville. Nous étions 200 pompiers. 180 pompiers professionnels et 20 pompiers volontaires. Pas de bol pour moi, les pompiers professionnels avec qui j’ai travaillé durant toutes ces années étaient, pour la plupart, une bonne brochette d’abrutis et ils ne pouvaient pas se saquer les volontaires. A la garde, nous étions 20 : 19 pompiers professionnels et 1 pompier volontaire. Croyez-moi, les 12 heures de garde sont longues dans ces circonstances. Les pompiers volontaires n’étaient pas les seuls dans le collimateur des professionnels : les noirs, les arabes, les homosexuels, les femmes-pompiers étaient également scrutés de très près et méprisés à la moindre erreur. Bref, l’intégration correcte dans cette caserne nécessitait d’être un homme blanc, hétérosexuel, professionnel et si possible être « un gros con dans sa tête » pour suivre le mouvement sans trop réfléchir, ni s’opposer. Je ne sais pas comment j’ai tenu toutes ces années dans ces conditions. La plupart des volontaires se barraient beaucoup plus vite. J’ai dû néanmoins réaliser plusieurs centaines d’interventions -- peut-être 500 -- et je reconnais que cela a été une formidable expérience pour moi. Bien plus importante que mes cinq premières années d’étude en biologie. C’est dire le crédit que j’ai pour notre système scolaire…

Et puis, il y a eu un moment où j’en ai eu raz le bol. Je suis déjà allé visiter une autre caserne pour demander ma mutation mais la caserne d’accueil offrait des conditions difficilement compatibles avec ma vie professionnelle (thésard). D’autre part, un de mes amis sapeur-pompier volontaire me relatait qu’un professionnel s’en était pris à lui physiquement. Il est toujours difficile de pousser un coup de gueule pour soi-même car on ne sait jamais si on n’est pas dans l’erreur ou victime d’une émotion ou d’une perspective incomplète du problème. Mais j’avais ce qui était arrivé à mon pote ainsi que ce que je voyais tous les jours arriver aux autres SPV, noirs, femmes etc… J’ai donc rédigé ma première alerte ! j’ai couché sur papier ce qui se passait dans la caserne et j’ai tout envoyé au commandant de ma caserne ainsi qu’au colonel du SDIS 38, tout en démissionnant. Ils ont accepté ma démission et à mon avis ils ont eu tort. Quand on a la chance d’avoir une paire de couille « psychique » dans sa caserne, capable de dénoncer et de faire remonter « ce qui est », on la garde précieusement. Pour me remercier de ma bravoure, ils m’ont contraint à rembourser 250 euros au trésor public, arguant que j’avais volé du matériel sapeur-pompier ce qui était faux. Puis des véhicules sapeur-pompier se sont amusés quelque temps à me mettre la pression en s’arrêtant devant moi quand ils me croisaient en ville…

Avant que j’envoie mon alerte, de nombreuses personnes ont tenté de m’en dissuader (y compris mes proches et d’autres SPV victime) et je ne comprenais pas pourquoi : c’étaient des agents qui savaient que ce type de problème ne se règle pas comme cela, qu’il faut passer par l’obscurité etc…

Au moment de l’envoi de mon alerte, mon pote SPV (celui qui prétendait avoir été agressé physiquement) est venu discuter avec moi. Il m’a alors parlé de deux autres jeunes SPV que je connaissais bien et qui auraient vrillé en commençant à déclencher des incendies (feu de poubelles, de voitures etc…). Mais j’avais beaucoup de mal à le croire car je connaissais les deux autres SPV en question et ils n’avaient pas du tout le profil d’incendiaire. L’un d’eux était même champion de France de gymnastique… Mais bon, je n’avais pas de raison de mettre sa parole en doute alors j’ai simplement déploré qu’ils aient viré mauvais coton tout en trouvant cette information bizarre, la laissant dans un coin de mon esprit. 10 ans plus tard, je pouvais alors la décrypter. Mon pote était un agent chargé de venir évaluer mes intentions étant donné mon mécontentement vis-à-vis des sapeur-pompiers : allais-je devenir un incendiaire ? Vous savez, il y a cette légende laissant entendre que les incendiaires sont souvent d’ancien pompiers… Le surhomme demandait donc à son agent de parler de ce sujet avec moi (j’appelle cela une discussion orientée, un discours scriptée) afin de se faire une idée l’air de rien de mon état d’esprit.

Plus tard, à plusieurs reprises ces dernières années, le surhomme s’est amusé à m’envoyer des sapeurs-pompiers professionnels dans différentes situations. Déjà à Paris, les gugusses qu’il m’a envoyés travaillaient à la BSPP. Puis bien plus tard, une situation horrible que je relaterai ailleurs (en T2) où ils m’ont envoyé un adjudant-chef de ma caserne que je ne pouvais vraiment pas me blairer. Enfin, quand ma voiture a été sabotée et a pris feu, ils ont envoyé le fourgon pompe tonne (FPT) de ma caserne pour éteindre l’incendie et se sont livrés à une petite mascarade à cette occasion, me faisant savoir qu’ils étaient également tous des agents.

Il semble que le SDIS n’en ai pas fini avec moi. Cela tombe bien car moi non plus. En 4-5 ans, j’ai risqué une seule fois ma vie en intervention. J’étais équipier VSAV et nous partions sur intervention en pleine nuit. Comme il n’y avait pas un chat, nous roulions très vite en plein ville peut-être à 80 km/h avec le gyrophare mais sans la sirène. Tout cela est parfaitement conforme aux procédures habituelles : on évite de réveiller toute la ville pour rien avec le deux-tons. Mais à un moment donné, il y a eu une voiture à l’arrêt, qui elle aussi, pensait qu’il n’y avait personne à cette heure-là. Elle a démarré subitement et on a manqué de la percuter à pleine vitesse de justesse. Je me rappellerais toujours les yeux de cette femme et les notre quand on a évité l’impact à quelques centimètres. Ce jour-là, sa vie et la nôtre se sont joués à un iota.

La ceinture de sécurité n’était pas obligatoire pour les pompiers (peut-être qu’elle l’est depuis). Et donc nous ne la mettions pas. L’idée était que cela nous faisait gagner quelques secondes pour rejoindre le lieu de l’intervention et donc les victimes. Bien évidemment, c’est complétement absurde car mettre sa ceinture de sécurité ne prend guère plus de 5 secondes. Mais les habitudes ont la vie dure et il était impensable pour un pompier de mettre sa ceinture de sécurité et ce même s’il l’avait voulu. Je voyais régulièrement des chefs d’agrès, souvent père de famille, être un peu emmerdé avec cette règle implicite : l’un s’accrochait de toutes ces forces à la poignée en haut gauche de l’habitacle pour pouvoir vainement tenter d’éviter de passer à travers le pare-brise à cas d’accident. Un autre ne mettait que la partie diagonale de la ceinture, manière de dire « je me protège un peu mais je ne suis pas un trouillard ». Bref les hommes un peu plus matures, voyant bien où était le risque principal du métier (se tuer sur la route) et voulant éviter de faire des orphelins, essayaient de trouver des petites combines pour se protéger tout en essayant de ne pas passer pour des trouillards ce qui aurait sapé leur autorité dans la caserne.

Quand on est dans ma position, victime seule persécutée par des bourreaux qui agissent dans l’ombre, on jouit de l’autorité morale et spirituelle : on peut déclarer n’importe quoi : « j’ai autorité sur la police nationale, sur la reine d’Angleterre, je suis à la fois le président et Dieu ». C’est le côté sympa de la situation : on ne sent plus lié par aucun narratif du surhomme. Je peux bien déclarer que je suis ministre de l’Intérieur et donner l’ordre de rendre la ceinture obligatoire dans les véhicules sapeur-pompier où cela est possible (par exemple le VTU, le VSAV etc…). Cela à coup sûr renforcera la sécurité des sapeur-pompiers, évitera des morts inutiles et des orphelins sans RIEN enlever à la qualité de l’assistance aux victimes. Je le SAIS parce que j’ai fait des centaines d’intervention et j’ai VU qu’on n’est pas à 5 secondes prés.

Plusieurs fois par an, je continue de faire le même cauchemar : je suis de garde au fourgon-pompe-tonne avec 5 connards qui vont m’emmerder toute la journée ou toute la nuit. Mais dans ce cauchemar, ce n’est pas mon « moi » de l’époque qui connaissait ses manœuvres incendies mais le « moi » d’aujourd’hui qui les a oubliées : et c’est terrible ! À tout moment, mon bip peut sonner et une fois devant l’incendie, je ne saurais tout simplement pas quoi faire quand le chef d’agrès me donnera mes ordres. Je fais également régulièrement le cauchemar de devoir retenter le concours de médecine. Dans ce cauchemar, je réapprends leur 5 mètres cubes de cours mais la veille du concours, je ne dors pas et je n’ai pas suffisamment les yeux en face des trous pour réussir l’examen : une année d’un travail monstrueux pour rien… Si je reviens là-dessus c’est parce que ma mauvaise expérience avec les pompiers professionnels n’a rien à voir en termes de souffrance à celle de la première année de médecine : il y a un rapport de 1 à 10 000. Alors pourquoi ces cauchemars récurrents ? Ma théorie préférée c’est que je fais ces cauchemars parce que je suis toujours sapeur-pompier à l’intérieur, dans l’âme. Secourir est dans mon ADN. Si j’ai oublié mes manœuvres incendies, mon niveau en secourisme reste à peu près correct et me sert régulièrement. D’ailleurs, à quoi correspond ce site web ? A une opération de secours.

Ainsi j’ai décidé -- en accord avec mes ordres de mission -- que je ne serais pas un ministre de l’Intérieur qui vous ordonne de rendre la ceinture de sécurité obligatoire. Je suis un sapeur-pompier en charge de la sécurité des autres sapeur-pompiers et qui pousse de tout son poids en donnant son NORD sur la question. Je n’ai pas oublié qu’une jeune femme SPV avait été très grièvement blessée en Isère à l’époque où j’étais pompier.

Cette affaire me démangeait depuis des années. Un surhomme est venu sonder secrètement le jeune SPV que j’étais car il supposait plausible que je sois un incendiaire :

« Non messieurs les sapeur-pompiers, je ne suis pas un incendiaire. En revanche j’aimerais que vous rendiez la ceinture de sécurité obligatoire dans les véhicules où cela est possible afin de protéger vos hommes correctement et éviter des drames et des orphelins inutiles. Et je ne devrais même pas à avoir besoin de vous expliquer ces choses-là… »

Ah, ça soulage !

Les chaises musicales

Je venais de finir un doctorat de 5 ans dans un laboratoire de microbiologie fondamentale. Cette expérience de chercheur a été magique pour moi. C’était la première fois de ma vie que je pouvais être un petit peu libre et aimer vraiment ce que je faisais. Je bénéficiais de la protection de mon directeur qui avait sans doute également la fibre libertaire « Ne va pas forcer les autres à faire des choses qui les emmerdent. Fous-leur la paix et laisse les gens libres comme tu veux l’être toi-même ». Je ne suis pas sûr qu’il définirait sa philosophie comme cela mais en tout cas c’est comme cela que je l'ai comprise. Et je ne voyais que trop qu’il était une exception parmi les directeurs de recherche.

Le souci c’est qu’il était un agent et pas moi. La conséquence est que je croyais au narratif du pouvoir en place concernant la recherche scientifique et la publication des articles. Je ne savais pas que toutes les questions importantes se traitaient dans l’ombre et que la surface n’était qu’une façade pour les poissons / les ignorants comme moi.

Mon contrat de travail était terminé mais dans mon intérêt, celui de mon chef, celui du laboratoire et celui de la recherche scientifique, je continuais à venir au laboratoire pour aller au bout de la publication de mes articles. Si je ne faisais pas cela, cela signifiait que j’avais -- qu’on avait -- travaillé pour rien pendant 5 ans : cela n’avait pas de sens au regard du narratif officiel. Dans mon esprit, je croyais bien faire : accepter de continuer de travailler gratuitement pour finaliser et publier ces articles et valoriser l’argent public dépensé. J’étais vraiment naïf.

Cela a fonctionné pendant 3 ou 4 mois mais au 1er janvier, mon badge ne fonctionnait plus. Je suis donc allé voir la secrétaire que gérait les autorisations informatiquement. Je m’étais toujours très bien entendu avec elle et je fus donc surpris du refus qu’elle m’opposa d’un ton sec, presque en m’engueulant. Je n’y ai pas accordé plus d’importance que cela, considérant qu’elle était peut-être simplement de mauvaise humeur ce jour-là. Je ne me rappelle plus si j’ai demandé à mon chef de faire réactiver mon badge. Il y a une chose qui est sûre c’est qu’à aucun moment, il ne m’a dit quelque chose du genre « non, je ne peux pas. Ton contrat est terminé et tu ne peux plus venir au laboratoire ne serait-ce que pour des histoires d’assurance : tu dois passer à autre chose, tant pis pour les articles et le gaspillage d’argent public que cela représente ». J’ai donc continué à venir en frappant tous les jours à la porte pour qu’on vienne m’ouvrir. A l’évidence, le surhomme n’arrivait pas à me dire frontalement « vas t’en ». Il est vrai que je pensais être apprécié de tous, que j’avais travaillé comme un titan et que je n’aurais pas compris un tel message ! Ils ont donc inventé un stratagème : un jour, je suis arrivé le matin et ils avaient complétement réarrangé tous les bureaux. Et dans ce nouvel arrangement et bien, il n’y avait plus de bureau pour moi ! Mais ce n’était pas du tout fait exprès bien-sûr !

Voila comment un surhomme s’y prend pour dégager quelqu’un qui ne veut pas partir et à qui on n’ose pas dire les choses frontalement. Cette fois, j’ai compris le message et je ne suis plus revenu. Dois-je préciser que je n’ai particulièrement apprécié ce manège ? J’ignorais à l’époque qu’il s’agissait de techniques secrète : un surhomme a un problème qu’il ne sait pas comment régler. Dans l’ombre il cherche les solutions les plus adéquates puis les implémente. Pour un surhomme tout est « situation ». Et les situations doivent impérativement restées sous son contrôle. Alors la fin justifie les moyens.

Il n’est jamais bien agréable de se faire dégager ainsi comme un malpropre après 5 ans de travail acharné et en bon terme avec tout le monde. Et je me suis retrouvé comme un con tout seul chez moi au chômage pendant encore 1 an. Néanmoins, cela ne représente évidemment essentiellement rien en termes de souffrances en comparaison de ma première année de médecine par exemple.

Conclusion

Ainsi, on a vu par plusieurs exemples comment le surhomme s’y est pris, dans l’ombre, pour pouvoir contrôler les situations à sa guise et me manipuler comme une marionnette. Il est probable qu’il considère que toute personne qui n’est pas un agent ne doit être qu’une marionnette, qu’on façonne à sa guise. Pour se donner le sentiment que tout cela est acceptable (l’auréoler d’une forme d’acceptabilité), il est possible qu’il confère une certaine forme de pouvoir d’influence à ceux qui sont maintenu « aveugle » mais ce n’est qu’une hypothèse.

Dois-je préciser que je n’ai pu reconstituer qu’une infime partie de la vérité ? Ma mémoire a repéré des bribes de présence du surhomme ici ou là mais en réalité, il était partout et tout le temps depuis ma naissance. Une énorme partie de ce que je suis, de ce que je pense n’est que le résultat de ce qu’il a voulu, de ce qu’il a laissé faire, des énoncés et narratifs qu’il a réussi à insérer dans mon esprit et de ceux qu’il a maintenu volontairement loin de moi, dans l’obscurité.

Nous avons également parlé de la composante « Truman show » odieuse de ce système : ils ont orchestré dans l’ombre mon premier baiser et mon dépucelage. Il ne s’agit pas uniquement de questions politiques relatives à l’ordre ou à la sécurité. Il s’agit bien d’une dystopie, d’un dépérissement existentiel de l’humanité auquel il faudra bien mettre un terme d’une manière ou d’une autre. Il faut mettre en place un « fork », un virage à 90°, si cela est encore possible, pour que les générations futures n’aient pas à payer les frais de naitre dans un tel monde dystopique. Il est probable que les agents veulent tout sauf qu’on mette à jour la réalité de ce à quoi ils participent : « mais enfin, les « Truman » ne souffrent pas : on fait en sorte qu’ils ne découvrent jamais la vérité, je donnerai tout pour être à leur place… ». Tout cela est bien joli mais on ne vous laissera pas faire.

Viafx24, le 4 novembre 2024.




Appendice

J’ai décrit ici les grandes lignes du mal qu’on m’a fait durant les 30 premières années de ma vie. Le lecteur pourra également lire les persécutions qu’on m’a fait endurer entre 2014 et 2024 c’est-à-dire ces dix dernières années. J’avais également écrit un long texte pour décrire le mal que j’ai moi-même pu faire à autrui de manière à équilibrer un peu les choses. Le problème c’est que je n’ai essentiellement fait de mal à personne. Or mon texte, beaucoup trop long, aurait pu laisser entendre au lecteur qu’au final, c’était kif-kif bourricot entre le système et moi alors qu’il y a un rapport de 1 à 1000 000 000 dans le mal commis. Dans Politique et services secrets , j’ai largement repris le texte initial concernant le mal que j’ai pu faire mais en ne gardant que les parties d’intérêts et le lecteur pourra trouver un certain nombre de pseudo-confessions de ma part. Mais la chose dont j’ai le plus honte -- et je répète que ce n’est rien comparé à ce qu’on m’a fait -- se trouve ici.

Je publie le texte ci-dessous -- le pire du pire que je crois avoir fait durant ma vie à quelqu’un -- pour deux raisons. L’humanité (la plupart des gens) prend le plus grand soin à dissimuler le mal commis minute après minute. Or tant qu’on cache ce mal, il n’y a aucune progression possible pour les générations actuelles et les générations futures. Il s’agit donc de montrer l’exemple (raison 1). D’autre part, cela me permet de rappeler au surhomme à quel point il n’a rien contre moi et n’a jamais rien eu contre moi (raison 2). Et cela me fait du bien de le lui rappeler.

Un beau salopard

Un couple d’amis m’a proposé de me présenter une copine à eux qui était célibataire. Bref, ils se proposaient de faire les entremetteurs. Je devais avoir 20 ans et je n’avais jamais vraiment eu de copines. J’avais eu des aventures, je n’étais pas puceau mais je n’avais jamais fréquenté de filles pendant plusieurs semaines, mois ou années. Un repas de présentation fût organisé à quatre. Mais la fille ne me plaisait pas trop physiquement : ce n’était pas mon « type ». Malheureusement, j’étais à ce moment-là en « misère affective et sexuelle » et je n’étais pas vraiment en situation de faire la fine bouche pour dire les choses crument. Un soir, j’ai donc invité à diner chez moi cette jeune femme et une relation relativement sérieuse s’est mise en place pendant quelques mois. C’était la première fois que je faisais l’amour avec une femme de manière régulière, normale et saine. Et cela me faisait du bien car j’attendais cela depuis longtemps.

Pourtant, je savais que je ne pouvais pas faire durer la relation longtemps car il arriverait forcément un moment où je quitterais cette jeune femme à cause du fait qu’elle ne me plaisait pas physiquement. Le plus tôt serait donc le mieux de manière à ne pas la faire trop souffrir d’une part et d’autre part pour ne pas lui faire espérer un sentiment amoureux qui n’arriverait pas. Parallèlement à cela, j’avais rencontré une autre fille qui elle aussi avait un copain. Il ne s’était rien passé entre nous mais nous commencions à évoquer l’idée que chacun quitte son conjoint respectif pour tenter une aventure ensemble. Je n’étais pas particulièrement amoureux de cette jeune fille mais disons qu’elle me plaisait plus physiquement. Cette idée de double-rupture conjointe pour se mettre ensemble avait deux avantages : me permettre de rompre rapidement avec ma copine présente pour la préserver et d’autre part, maintenir une « continuité affective et sexuelle » pour me préserver. C’est sûr que ce ne sont pas des considérations bien élégantes ni glamours et je ne les formalisais pas aussi clairement à l’époque mais je n’en étais pas loin. Nous avions dû nous rencontrer en septembre ou en octobre. Mon couple d’amis n’habitait plus dans la région mais revenait pour les fêtes de Noël et il était donc prévu que nous nous voyons régulièrement pendant la quinzaine de jours où ils prévoyaient de rester. Or je ne me sentais pas de jouer cette comédie hypocrite pendant 15 jours. Il fallait donc tout stopper avant noël même si rompre avec quelqu’un juste avant les fêtes de noël a quelque chose de cruel.

Mon pote est passé me voir un soir, se réjouissant des 15 jours à venir. Et je lui ai tout expliqué. Quitter quelqu’un était quelque chose de vraiment pénible pour moi. Cela m’était déjà arrivé une fois avec une jeune fille que j’avais « juste » embrassé mais qui aurait ostensiblement voulu plus c’est-à-dire quelque chose de sérieux. Lui signifier que les choses n’iraient pas plus loin avait été cauchemardesque : cela m’avait vraiment mis dans le « rouge » au sens psychiatrique du terme. Il a toujours été infiniment plus difficile pour moi de quitter que d’être quitté. Être traité comme une merde, c’était la norme depuis que j’étais né et donc je ne formalisais pas pour si peu. En revanche, dire à l’autre « tu n’es pas assez bien pour moi » c’était juste impossible dans mon système de valeur, dans mon échafaudage moral.

J’ai donc pris la décision ce soir-là d’appeler ma copine et de mettre un terme à notre relation par téléphone, le tout devant mon pote. La présence de mon pote me permettait de prendre mon courage à deux mains. D’autre part, cela lui permettait d’entendre les mots qui seraient prononcés de manière à ce qu’il puisse les retranscrire à sa propre copine. En effet cette dernière n’était autre que la meilleure amie d’enfance de ma copine. Il s’agissait d’éviter « une querelle de partie ».

J’ai donc pris mon courage à deux mains et j’ai décroché mon téléphone. « Courage à deux mains » c’est une façon de parler car quitter quelqu’un par téléphone n’est pas exactement le propre du courage. J’ai été le plus soft possible. A la fin de la conversation téléphonique, mon pote a eu la gentillesse de me dire « je n’aurais pas fait mieux ».

Mais celle qui était donc devenu « mon ex-copine » m’avait demandé qu’on se revoie pour qu’elle puisse récupérer quelques affaires chez moi et je n’allais évidemment pas dire non. Elle est donc revenue et c’est ce jour que les choses ont dérapées sévèrement.

Ma mémoire ici me joue des tours et donc il y a un point dont je ne suis plus très sûr. Je ne sais plus (1) si j’avais préparé quelques mots au cas où elle me demande pourquoi je la quittais mais que je n’ai pas eu à prononcer ces mots ou (2) si elle m’a effectivement demandé la raison et que je lui ai livré la version particulièrement horrible qui suit. Dans le doute, on considérera l’hypothèse la pire et également la plus probable, selon ma mémoire. Ce que j’ai dit de particulièrement bête et méchant ne concerne pas tant la raison de la rupture que ce qu’elle devait « changer » dans sa manière d’être pour améliorer ses relations futures. La raison en elle-même, j’ai dû sortir un truc « bateau » : je ne lui ai pas dit « je te quitte parce que tu ne me plais pas physiquement ». En ce qui concerne ce qu’elle devait changer dans ses relations futures, je ne sais plus si c’est elle qui m’a posé la question ou si je me suis posé en donneur de leçon. Me connaissant, je préfère considérer l’hypothèse la pire : elle ne m’a rien demandé et c’est moi qui me suis senti autorisé à lui donner « un conseil amical pour le futur ». Ce conseil fût le suivant, en substance : « soit moins gnan-gnan, gentille, ne maquille pas qui tu es pour plaire, soit plus vraie, ne soit pas un petit chien-chien toujours au pied de son maître ». En fait, je ne me rappelle plus exactement ce que j’ai dit ni si je l’ai dit mais il est possible que les mots que j’ai potentiellement utilisés aient été proches de ceux-là. Par chance, à 40 ans, il ne m’échappe pas que le conseil que je lui prodiguais s’appliquait infiniment plus à moi qu’à elle. Car avec une bonne majorité des femmes que j’ai rencontrées, je n’ai été que leur chien-chien faisant tout pour être le plus gentil et le plus parfait possible. Et c’est probablement en général pour cela qu’elles fuyaient. La réalité était donc toute autre : j’avais à faire à une femme gentille, douce, intelligente, profonde et honnête voulant créer quelque chose de sérieux avec moi. Elle n’était peut-être pas à mon gout physiquement mais sa beauté intérieure était bien réelle. Parmi les femmes que j’ai rencontrés durant ma vie, peu à mon humble avis pourraient se targuer d’être aussi belle qu’elle.

Mais si j’en étais resté là ? Je n’aurais été qu’un abruti de plus dans la longue série que cette femme a dû rencontrer. Or il se trouve que le jour où elle est venue chercher ses affaires, cela faisait peut-être une semaine ou 15 jours que nous ne nous étions pas vus. Et vous commencez peut-être à sentir arriver la suite… En animal que j’étais, je n’avais pas vidé mes couilles depuis un moment et ces dernières criaient famines. Elles m’avaient donc susurrées à l’oreille qu’il pourrait être judicieux de tenter de gratter une dernière baise sachant que rien n’était assuré concernant la date de la baise suivante… Quand mon ex-copine se mit à pleurer, je l’ai donc pris dans mes bras non pas par empathie pour sa souffrance (et la compréhension du mal que je lui faisais) mais avec l’idée de la faire monter dans la mezzanine au-dessus afin de passer un dernier bon moment. Alors je l’embrassais. Elle se laissait faire et je commençais à lui indiquer la suite logique quand elle m’arrêta d’une voie douce en continuant de pleurer « ce que tu fais, ce n’est pas bien ». Elle l’a peut-être répété une deuxième fois : « Non, ce que tu fais ce n’est pas bien ». Je m’arrêtais immédiatement évidemment. Nous avons terminé de rassembler ses affaires, avons échangé encore quelques mots et elle est partie. Plus tard, j’ai su qu’elle avait rencontré quelqu’un de sérieux. Un homme qui n’est pas un salopard comme moi. Du peu que je sais ou crois savoir, ils sont encore ensemble et ont des enfants. Ce qui me réjouit bien-sûr.

Il est temps de passer au jugement. J’ai fait souffrir cette jeune femme, cela ne fait aucun doute. Donc le MAL EXTERNE est caractérisé. En revanche, je n’ai pas sciemment voulu lui faire du mal. Ce n’est pas du sadisme ni de la perversité qui m’ont poussé à dire et commettre toutes ses bêtises le jour où elle est venue récupérer ses affaires. De la bêtise et de l’égoïsme sans aucun doute. Néanmoins, l’absence complète d’empathie à son égard doit être qualifiée, dans ce cas précis, de méchanceté. Le fait d’être dominé par ses couilles ne justifie pas tout. C’est donc un MAL INTERNE + MAL EXTERNE qui tombera encore comme jugement. Je crois que c’est la pire chose que j’ai faite à un être humain durant ma vie. Et je ne l’ai pas compris tout de suite. Il m’a fallu plus de 15 ans pour le comprendre.

Viafx24, le 4 novembre 2024.